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Quand l’agro-écologie tisse des « liens qui libèrent » : une expérience colombienne

Par Anna Bednik. Dans Franck Gaudichaud (dir.), Amériques latines : émancipations en construction, Cahiers de l’émancipation, Syllepse, janvier 2013

La  globalisation du  capitalisme  uniformise les  territoires,  s’insinue dans  tous les  domaines  de  la  vie, instille dans les esprits l’utilitarisme et la logique de domination et détruit peu à peu les autres formes d’inscription dans le  monde.  Sa  progression  exige  toujours  davantage  :  de  plus  en  plus  d’activités  génératrices  de  profit  et d’inégalités  qui  rendent  ce  profit  possible,  toujours  plus  de  matières  premières  à  offrir  aux  exigences  – assidûment  croissantes  –  d’une  humanité  en  passe  de  devenir  un  appendice  de  la  machine  économique  et transformant toute forme d’existant en ressource exploitable. De nombreux chemins peuvent mener à ce même résultat. En Colombie, où, comme dans d’autres pays de la région,  le  néolibéralisme  s’est  enraciné  au  cours  des  trois  dernières  décennies,  la  redéfinition  des  scénarios sociaux et productifs est aussi allée de pair avec « toujours plus de violence ». Appliquant à la lettre la doctrine de la guerre antisubversive contre les guérillas communistes qui le défient depuis bientôt 50 ans, l’Etat a laissé le pays à la merci de groupes paramilitaires. Sous-traitants de la guerre sale pour l’armée régulière, mercenaires de « sécurité » et de coercition pour ceux qui ont des intérêts à défendre et de l’argent pour payer, ces derniers se  sont  progressivement  affirmés  comme  de  nouvelles  élites  locales  et  régionales.  Leur  autonomie  et  leur pouvoir ont grandi, tout comme leur faculté à s’imposer aux différents échelons de l’Etat.  Lire la suite