Source Médiapart
C’est un article du Parisien qui a mis le feu aux poudres : après la Norvège et le Portugal, la France va importer du gaz de schiste provenant des Etats-Unis. L’information n’est pourtant pas nouvelle.
Illustration de l’article du Parisien
Le gouvernement laisse faire, en toute connaissance de cause
Cela fait deux ans que l’on sait qu’EDF et Engie ont signé des contrats aux Etats-Unis (voir détails ci-dessous) leur permettant d’importer du gaz de schiste en France, sans que le gouvernement, pourtant actionnaire majoritaire et de référence dans chacune des deux entreprises, ne cherche à les en empêcher. Cela fait également deux ans que nous alertonssur les investissements des entreprises françaises (et notamment des banques françaises) dans le gaz de schiste (production, exploitation, services ou importation). Des investissements qui sont encouragés et jugés de façon bienveillante par le Président de la République et le gouvernement.
Au point que les investisseurs français étaient arrivés au troisième rang des investisseurs mondiaux dans le gaz de schiste américain (4,5 milliards de dollars en cinq ans selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie) et que Vallourec, frappé de plein fouet par l’effondrement des investissements dans les hydrocarbures de schiste, a fait appel à l’Etat à de l’argent public pour opérer une augmentation de capital. Total a même été accuséed’avoir perdu une pastille radioactive dans un puits de gaz de schiste en Patagonie (Argentine) sans que cela n’émeuve ni le gouvernement ni les médias. Cela fait enfin deux ans que les collectifs citoyens contre les hydrocarbures de schiste dénoncent cette hypocrisie dans chacun de leurs communiqués, demandant au gouvernement de faire preuve de cohérence.
Interrogée sur France 2 ce dimanche 8 mai, Ségolène Royal a affirmé qu’on ne pouvait « pas interdire le gaz de schiste sur le territoire français pour des raisons environnementales graves et en même temps accepter l’importation ». C’est juste. Mais c’est pourtant ce qu’ont laissé faire le gouvernement et les services de l’Etat, en toute connaissance de cause, depuis plus de deux ans.
Autrement dit : Ségolène Royal annonce vouloir interdire les importations de gaz de schiste que le gouvernement et les services de l’Etat ont encouragées ou, du moins, n’ont pas cherché à bloquer.
Annoncer vouloir interdire les importations d’un côté…
En affirmant vouloir étudier « juridiquement » la façon d’interdire les importations prévues par EDF et Engie, Ségolène Royal, en plus de réagir avec retard, expose au grand jour le manque de sérieux et les négligences du gouvernement en matière de contrôle sur les choix d’investissement d’entreprises dont l’Etat est actionnaire majoritaire (EDF) et de référence (Engie). Rappelon-nous d’ailleurs que le gouvernement avait sélectionné ces deux entreprises pour être des sponsors de la COP21 au prétexte que cela les inciterait à avoir des comportements plus climato-compatibles au lendemain de la COP21 qu’avant (voir ici etici) : il n’en est manifestement rien.
Un manque de sérieux qui se double d’une mauvaise compréhension des systèmes énergétiques. A propos des contrats signés par EDF et Engie, Ségolène Royal affirme qu’il y a « dans ces contrats (qu’elle a) regardé de près (…) 40% de gaz d’origine gaz de schiste ». Il faut bien comprendre ce que signifie ce 40% : EDF et Engie n’ont pas signé des contrats qui prévoient d’importer 40 % de gaz de schiste et 60% de gaz conventionnel. Les contrats prévoient d’importer 100 % de gaz naturel liquéfié (GNL) provenant de la production étatsunienne, le GNL étant la seule forme sous laquelle il est possible de transporter du gaz (de schiste ou pas) à travers les océans.
Il se trouve qu’aux Etats-Unis, comme dans les autres pays, il n’existe qu’un seul système gazier d’acheminement et de distribution (gazoducs), de stockage et de traitement du gaz (usines de liquéfaction et de regazéification). Il est estimé que 40 % de la totalité du gaz produit sur le sol américain provient de la production de gaz de schiste. Cette part de 40% n’est donc pas fixée par contrat, mais elle est fonction de ce qui est produit aux Etats-unis : elle est amenée à être modifiée en fonction des investissements et des rendements des productions à venir.
Autrement dit : à partir du moment où vous souhaitez importer du gaz naturel liquéfié d’un pays qui exploite – ou envisage d’exploiter – des gaz de schiste, vous importez (ou importerez) nécessairement du gaz de schiste !
Autrement dit bis : à partir du moment où vous souhaitez interdire l’importation de gaz de schiste, vous devez interdire l’importation de gaz de tous les pays exploitant du gaz de schiste.
Autrement dit ter : interdire l’importation de gaz de schiste tout en ayant encouragé la construction de nouveaux ports méthaniers (Dunkerque) ou l’extension de ports existants (Montoir, Fos-sur-mer) est contradictoire.
… tout en encourageant leur importation par les accords de libre-échange …
« Permettre aux entreprises européennes d’importer des ressources énergétiques et matières premières des États-Unis », telle est une des missions qu’a assigné la Commission européenne au Tafta. Une mission qui se fonde sur le mandat de négociation, validé par François Hollande et le gouvernement français, qui demande un « accès sans restriction et durable aux matières premières ». Pas assez clair ? Le 15 novembre 2015, à la veille de la COP21, le négociateur en chef de la Commission européenne, Ignacio Garcia Bercero,déclarait que « la question de la liberté d’accès au GNL est une partie importante des négociations du Tafta ». L’UE, et donc la France, souhaite la fin des restrictions américaines à l’exportation de gaz naturel. Ce qui nécessairement encourage l’importation de gaz de schiste.
Autrement dit : la Commission européenne négocie au nom du gouvernement français la facilitation des importations de gaz de schiste que Ségolène Royal annonce vouloir interdire !
… ainsi que par les politiques de « sécurité énergétique » européennes
Le 16 février, la Commission européenne a dévoilé de nouvelles propositions en matière d’approvisionnement en gaz : elle encourage l’UE et les Etats-membres à une importation massive de gaz de schiste venant des Etats-Unis au nom de la sécurité de l’approvisionnement énergétique des pays-membres de l’UE. A notre connaissance, Ségolène Royal et le gouvernement ne se sont pas offusqués. Alors que les études de la Commission européenne montre que la demande en gaz a plutôt tendance à décroître, et que l’UEdisposerait des infrastructures suffisantes en matière de gaz naturel liquéfié (GNL), la Commission fait de l’importation de GNL et de la construction de nouveaux ports méthaniers, usines de regazéification et gazoducs une priorité : 40 % des deux cents projets d’intérêt commun (PCI) répertoriés par la Commission concernent la construction de nouvelles infrastructures gazières. La liste des projets prévus sur le territoire national se trouve sur … le site du ministère de l’environnement de Ségolène Royal ! Pour l’essentiel, ce sont des projets de gazoducs qui visent à renforcer les connexions entre systèmes gaziers nationaux afin de « contribuer à l’intégration des marchés et à une concurrence accrue ». En clair : à partir du moment où du gaz de schiste sera introduit dans le réseau européen, qu’il provienne de GNL américain ou de l’exploitation dans un autre pays européen, il pourra aboutir dans n’importe quel réseau national.
Autrement dit : au nom de la « sécurité énergétique » et de la « concurrence », la Commission européenne fait son possible pour introduire du gaz de schiste en quantité dans le réseau européen !
Interdire des importations est rendu impossible … par les règles du commerce international
Pour des raisons techniques liées à l’interconnexion des réseaux gaziers européens, la question de l’interdiction de l’importation de gaz de schiste doit donc se poser au niveau européen, en étant accompagnée d’une proposition d’interdiction d’exploitation sur le sol européen. Si Ségolène Royal est sincère, c’est clairement la direction à suivre. La tâche est immense. De nombreux pays ne veulent pas interdire l’exploitation des gaz de schiste et les récentes décisions de la Commission européenne vont dans le sens contraire. Néanmoins, une telle proposition pourrait être soutenue par de nombreuses organisations de la société civile européenne.
Au nom du climat et de l’environnement, proposer d’interdire au niveau européen l’importation de gaz de schiste – et donc de GNL – de pays les exploitant serait une proposition courageuse et de nature à faire bouger les lignes. Une telle proposition se heurterait frontalement aux règles du commerce international qui sont consignées dans les accords de l’OMC. En effet, une telle mesure serait sans doute perçue comme une mesure discriminatoire et injustifiée : pour l’OMC, rien ne justifie une interdiction d’importation de gaz naturel produit dans un pays donné dont la consommation sur le territoire européen ne génèrera pas plus de pollution que du gaz naturel produit dans un autre pays. Nul doute donc que les Etats-Unis attaqueraient devant l’Organisme des Réglements des Différends de l’OMC une décision perçue comme une « restriction déguisée au commerce international ».
Ce serait une nouvelle occasion de prendre à témoin l’opinion publique et de montrer qu’il est absolument urgent de remettre à plat le droit du commerce international qui entrave manifestement la possibilité de prendre des mesures contribuant à la lutte contre les dérèglements climatiques. Alors que les exemples s’amoncellent (Ontario, Inde, Québec, etc), il est temps, au nom de l’urgence climatique, de rénover les règles du commerce mondial. Ségolène Royal et le gouvernement partagent-ils une telle ambition ? Rien n’est moins sûr. Mais c’est le chemin à suivre pour qui veut réellement contenir le réchauffement climatique en deçà des 2°C, ou idéalement, en deçà d’1,5°C.
Maxime Combes, économiste et membre d’Attac France.
Auteur de Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, coll. Anthropocène. Octobre 2015
@MaximCombes sur twitter
DETAILS des CONTRATS :
EDF a signé deux contrats
Engie :
Total :
Sources :
source: les amis de la terre
Si vous croyiez que la loi de 2011 interdisant la fracturation hydraulique avait éloigné la menace des forages et des pollutions de l’eau, de l’air et des sols du territoire français, nous vous invitons à aller faire un tour en Moselle cet été.
En effet, le sous-sol mosellan contient du gaz de couche, un « cousin » du gaz de schiste. Le gaz de couche est souvent confondu avec le grisou, bien connu des mineurs, un gaz qui circule librement dans les anciennes mines de charbon et qui doit être récupéré pour éviter fuites et accidents. A l’inverse, le gaz de couche est contenu dans le charbon, dans des zones très profondes (1000 à 4000 m) qui n’ont jamais été exploitées. Pour le récupérer, il faut pomper de l’eau, déjà présente ou qu’il faut injecter puis séparer du gaz. Autrement dit, de très petits volumes de gaz de couche peuvent être récupérés sans fracturation hydraulique, en pompant l’eau présente dans ces couches profondes. Pour exploiter de manière rentable ces gisements, la fracturation hydraulique est nécessaire.
Après ce petit point technique, revenons à l’historique en Moselle : dès 2006-2008, la société European Gas Limited fore des puits d’exploration des gaz de couche sur les sites de Diebling et de Folschviller, les documents mentionnent alors officiellement le recours futur à la technique de la fracturation hydraulique. En 2011, la loi interdisant la fracturation hydraulique est adoptée, et toute mention de cette technique disparaît des documents de l’entreprise.
Et la technique mise au point par cette entreprise n’est pas opérationnelle puisque le forage de Tritteling, avec 3500 m de drains multilatéraux cumulés n’a pas permis la certification de nouvelles ressources. Ce qui n’empêche pas celle-ci de faire de nouvelles demandes et d’obtenir l’autorisation de forer de nouveaux puits, cette fois sur les sites de Tritteling, Pontpierre, Longeville, Lachambre, Zimming, etc.
Tournons-nous vers l’international. En Australie, le gaz de couche (coalbed methane ou coal seam gas) est exploité depuis les années 2000. De nombreux témoignages ne peuvent qu’alimenter les craintes[1] : les riverains des puits souffrent de maux de tête, de saignements de nez inexpliqués, d’irritations de la peau et du bruit constant des engins. A ces problèmes sanitaires s’ajoutent les problèmes environnementaux : menaces sur la quantité d’eau disponible, risques de contamination de la nappe phréatique, fuites de méthane qui contribuent grandement aux changements climatiques. Enfin, quelle vie économique et sociale peut co-exister dans le paysage de désolation que représente un territoire morcelé de centaines de puits [2] ?
Ces impacts humains et environnementaux sont très peu encadrés en France. D’une part, le code minier qui encadre la délivrance des permis est obsolète. Les gouvernements de droite comme de gauche ont annoncé sa réforme depuis 2012. En vain. D’autre part, le peu de garde-fous prévus par ce code minier obsolète ne sont pas appliqués. En effet, une entreprise doit montrer qu’elle dispose des « capacités techniques et financières » pour obtenir un permis. Or European Gas Limited est un montage financier douteux, changeant fréquemment de statuts, elle est endettée à hauteur de 26 millions d’euros en 2014 et n’a aucune expérience dans l’exploitation des gaz de couche sans fracturation hydraulique. Pourtant la préfecture lui délivre des permis et des élus locaux la soutiennent. Il faut dire que la compagnie a ajouté « Française de l’énergie » à son nom originel pour faire « couleur locale ». Une opération marketing qui ne change en rien son « (in)capacité technique et financière ».
S’opposer à l’exploration et l’exploitation des gaz de couche en Lorraine comme le font des collectifs citoyens, est donc essentiel pour protéger l’environnement local.Mais au-delà du local, c’est un enjeu global car l’ensemble des scénarios scientifiques montrent que pour avoir une chance raisonnable de rester sous les 2°C de réchauffement climatique d’ici la fin du siècle, il faut laisser 80 % des énergies fossiles dans le sol. Et encore, ce n’est que pour se donner une chance d’éviter un emballement climatique, ce n’est pas une garantie. Dans ces scénario, les gaz et pétrole « non conventionnels » n’ont pas leur place. C’est pourquoi les Amis de la Terre France demandent que le droit français interdise toute exploration et exploitation des gaz et pétrole de schiste et de couche, peu importe la technique utilisée, et refusent qu’on en importe d’Australie ou d’ailleurs.
Ni ici, ni ailleurs, ni aujourd’hui, ni demain. Sortons de l’âge des fossiles !
Notes :
[1] Sur le site de l’alliance « Lock the gate », les histoires de 7 familles sont présentées : http://www.lockthegate.org.au/gaslands
[2] 130 à 180 puits sont prévus par European Gas Limited en Moselle.
Source : Reporterre. 11 mai 2016 / Noël Mamère
L’incendie monstrueux qui a dévasté la forêt boréale de l’Alberta canadien n’est pas une catastrophe naturelle, insiste notre chroniqueur, mais bien un énième crime contre l’environnement perpétré par « la folie et l’avidité d’entreprises capitalistes pétrolières ».
Noël Mamère.
L’incendie de Fort McMurray, au Canada, est présenté dans les médias « mainstream » comme un incendie de forêt de plus parmi tant d’autres, certes d’une amplitude beaucoup plus forte mais, somme toute, à l’échelle de cet immense pays. Cette fable a été dénoncée dans ces colonnes par Hervé Kempf, mais il faut enfoncer le clou. Nous ne sommes pas devant une catastrophe« naturelle ». L’incendie n’est peut-être pas lié directement à l’exploitation des sables bitumineux (les « tar sands », en anglais, les « sables sales », en français) mais celle-ci en a accéléré le développement. Avec le réchauffement climatique — effet, entre autres, de l’exploitation des sables bitumineux — les incendies n’ont jamais été aussi fréquents. Face à un climat de plus en plus sec, le plan de prévention des incendies n’est plus adapté, car il a été pensé à une époque où le climat était plus humide et où l’eau n’était pas encore captée par les puits de ce pétrole non conventionnel.
Toutes les études montrent que les régions les plus proches du pôle Nord (ce qui est le cas de la forêt boréale du Canada) sont les plus affectées par le réchauffement, créant ainsi des conditions idéales pour que se déclenchent des incendies qui augmentent en superficie chaque année. La saison des feux de forêt s’allonge sans cesse, du début du printemps jusqu’à l’automne. L’exploitation des sables bitumineux a donc engendré cette situation prévisible depuis longtemps.
D’ailleurs, en 2011, le gouvernement canadien, dirigé par l’ultralibéral Harper, s’était retiré du protocole de Kyoto pour pouvoir continuer à exploiter sans entraves les sables bitumineux.
1.800 milliards de barils de bitume, soit l’équivalent de l’ensemble des réserves de pétrole conventionnel dans le monde, gisent sous le sol de l’Alberta. Pourquoi s’en priver, estiment des entreprises comme BP, Shell et Total, installées à Fort McMurray ? Qu’importent les dégâts irréparables en termes de déforestation, qu’importe la destruction des écosystèmes, qu’importent les déchets toxiques entassés en dépit du bon sens et qui affectent la santé des populations indigènes dont le mode de vie est depuis longtemps ravagé par cette nouvelle ruée vers l’or noir.
La priorité, pour les exploitants d’énergie fossile, est de continuer à engranger des profits tant qu’il en est encore temps. Dans cette affaire, nous sommes face aux conséquences directes du« Capitalocène », une ère commencée avec les débuts de la révolution industrielle. La folie et l’avidité d’entreprises capitalistes pétrolières est directement à l’origine de cette destruction cataclysmique de la forêt boréale. Bien que très loin géographiquement, elle nous concerne tous et toutes directement.
À la lumière de ce nouveau crime écologique, on peut légitimement s’interroger sur le leurre médiatique et diplomatique de la COP21, qui n’a rien dit dans sa résolution finale sur la continuation sans entraves de l’exploitation des énergies fossiles. Les États et les banques continuent allègrement à massacrer la planète sans se soucier des générations futures et de la Terre où nos enfants et nos petits-enfants vivront.
Il faut traduire en justice les responsables de ces crimes et constituer un tribunal international des crimes contre l’environnement, qui doivent être considérés comme des crimes contre l’humanité. Mais, en tant que citoyens, nous devons organiser le désinvestissement des industries fossiles, du pétrole, du charbon et du gaz, exiger l’interdiction des subventions directes et indirectes à ces industries par les États et les collectivités territoriales. Plus de 5.000 milliards par an sont investis dans ces armes de destruction massive de la planète. Pour sauver la banquise, il faut se sauver des banquiers !
Lire aussi : Contre le réchauffement climatique, laissons le pétrole dans le sol
Source : Noël Mamère pour Reporterre
Photos :
. chapô : La mine de sables bitumineux de l’entreprise Syncrude, au nord de Fort McMurray, en 2006. Derrière les stocks de soufre (en jaune), le bassin de collecte des résidus et autres déchets de l’exploitation. Ces installations auraient été épargnés par les flammes. Wikipedia (domaine public)
Un tour d’horizon complet de nos amis Varois.
Association Pour la Sauvegarde du Patrimoine Naturel-Provence-Alpes-Côte d'Azur
Biodiversité :
Bactéries : la forme la plus développée du vivant sur notre planète
Climat:
Une illustration du changement climatique depuis 1850
La mobilisation internationale à Washington pour concrétiser l’accord sur le climat
Le Zimbabwe vend ses animaux sauvages pour les sauver de la sécheresse.
La lente conversion des fonds de placement à la protection du climat
L’incendie de Fort McMurray et la lutte pour sauver le climat
Eau :
20 lieux sur la Terre où l’eau disparaît
Energies :
Où l’on revient sur la question du raccordement des éoliennes
Forêt :
La catastrophe environnementale que représente l’incendie gigantesque de Fort McMurray
Gaz de schiste:
L’exploitation du gaz de schiste qui accroît considérablement le risque sismiques
Pollutions :
Un focus sur les Néonicotinoïdes
Le plastique qui se décompose dans l’Océan en nanoparticules polluante
Le Brésil lance une procédure judiciaire contre les entreprises responsables de la rupture du barrage près…
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Source: Romandie.com
Paris – Le groupe pétrolier canadien Vermilion a renoncé à son recours contre une interdiction de réaliser un forage d’exploration pétrolière à Nonville (Seine-et-Marne), la rendant ainsi définitive, a-t-on appris mercredi auprès de l’avocat de la commune.
Cette interdiction avait été prononcée en 2014 par le tribunal administratif de Melun à l’encontre du groupe pétrolier américain Hess Oil, dont la licence a été reprise par Vermilion.
Cette décision, présentée comme une première en France du côté des militants écologistes qui reprochaient à Hess Oil de viser du pétrole de schiste, avait été contestée devant la cour administrative d’appel de Paris.
Lors d’une audience lundi, nous avons appris que le rapporteur public – ses conclusions sont généralement suivies – allait nous donner raison: rejet de l’appel et confirmation du jugement du tribunal administratif, a expliqué Me Arnaud Gossement à l’AFP.
Dans la foulée, Vermilion a renoncé à son recours, à la veille de l’audience jeudi où devaient être présentées les conclusions du rapporteur public.
Ce dernier va d’ailleurs accepter ce désistement, confirmant ainsi le jugement du tribunal de Melun, a expliqué Me Gossement.
Personne n’était joignable chez Vermilion pour commenter l’information.
Selon l’avocat de Nonville, le projet de forage portait très clairement sur du pétrole de schiste: c’est écrit noir sur blanc dans le jugement du tribunal administratif.
Or, une des seules techniques disponibles à ce jour pour extraire ce type de pétrole, la fracturation hydraulique, est critiquée pour les risques qu’elle fait courir à l’environnement et interdite en France depuis 2011.
Hess Oil avait de son côté assuré à plusieurs reprises vouloir simplement sonder par des forages conventionnels le sous-sol du bassin parisien pour rechercher des hydrocarbures non exploités.
La société elle-même, avant la loi de 2011, avait fait circuler un dossier de presse auprès des élus locaux dans lequel il était écrit noir sur blanc qu’il y aurait schiste et fracturation hydraulique. Comme par enchantement, après la loi, elle a prétendu le contraire, a commenté Arnaud Gossement.
C’est pour cela que ce jugement est très important: (…) c’est la première fois que nous avons un jugement qui annule une autorisation de forage pour du pétrole de schiste. C’est la première fois qu’on a une application claire, nette, directe de la loi de 2011, a-t-il ajouté.
source: huffington post (blog Emmanuel Poilane))
Pour les acteurs de la société civile qui travaillent à la lutte contre le changement climatique, la question des énergies fossiles est le cœur de la solution pour gagner la bataille. La production de gaz de schiste et de sables bitumineux est l’exemple criant de ce qu’il ne faut pas faire. Il est urgent de changer radicalement nos pratiques énergétiques.
Au cœur du sujet et de la polémique, La province de l’Alberta au Canada. Sa gigantesque économie des sables bitumineux détruit et pollue un territoire immense. Lors de leurs venues à Paris en décembre dernier pour la COP21, certains représentants autochtones parlaient de cette région comme celle du Mordor du Seigneur des Anneaux de Tolkien.
Pour vous rendre compte par vous-même de cette réalité dévastatrice en Alberta, n’hésitez pas à regarder le documentaire H2oil, ces 50 minutes sont édifiantes.
Si l’on regarde l’actualité des incendies de Fort Mc Murray sous ce prisme, il est possible de porter une toute autre analyse que celle de la catastrophe naturelle qui a pour seul rapport avec les sables bitumineux d’en freiner l’exploitation du fait des mesures de sécurité et de causer un grand manque à gagner. Ce discours est diffusé massivement dans les médias par complaisance. Il est tout à fait ironique que l’économie des sables bitumineux soit dépeinte comme une victime de cet incendie alors qu’elle en est en grande partie responsable.
En effet, la destruction des milieux naturels par ces industries pétrolières et la très forte consommation d’eau qu’elles impliquent, endommagent profondément les écosystèmes , comme l’expliquent plusieurs articles de médias alternatifs, et notamment celui d’Hervé Kempf sur le site Reporterre mais aussi cet entretien avec Nancy Huston.
Notre humanité inhumaine.
Derrière cette folie de la recherche du pétrole à tout prix, il y a l’aveuglement croissant des politiques qui refusent de comprendre que le changement climatique est en marche et que son rythme s’accélère. Nous devons collectivement et urgemment prendre des décisions fortes pour ne pas être victimes demain d’autres catastrophes telles celle de Fort McMurray.
Cette année 2016 est marquée par un phénomène El Niño exceptionnellement puissant. C’est un peu comme si la planète se protégeait de nos erreurs et provoquait les conditions naturelles pour des événements climatiques extrêmes qui soient en mesure de nettoyer les bêtises de l’Humanité.
Nous semons le vent et récoltons la tempête. Jamais le proverbe n’aura aussi bien porté son sens. Nous devons regarder les choses en face et cesser de croire que les événements ne sont pas liés entre eux.
Les exploitations de sables bitumineux de Fort McMurray sont directement liées à l’incendie qui dévaste la région.
Notre planète est un système fragile et complexe. Nous savons pertinemment aujourd’hui que l’activité humaine perturbe ce système et que le climat doit être urgemment protégé. Nous savons qu’avec ces perturbations de plus en plus fortes, les conditions de vies vont changer avec le risque, à terme, de la disparition de l’Humanité voire de toute vie sur Terre.
Nous avons le devoir de rappeler aux entreprises de l’industrie des énergies fossiles que 80% des réserves naturelles doivent rester dans le sol pour respecter l’objectif de 2 degrés maximum de hausse du climat et éviter la catastrophe . Il est de notre responsabilité de demander à nos Etats d’interdire immédiatement les exploitations climaticides de gaz de schiste et de sables bitumineux partout dans le monde.
Dans le cas contraire, le Mordor continuera de s’étendre et petit à petit notre planète disparaitra sous les cendres engendrées par la fièvre de profit de quelques-uns . Notre quête de survie de l’Humanité ne fait que commencer.
Lire aussi:
• Les animaux de Fort McMurray sauvés des flammes
• L’incendie ravageur à Fort McMurray atteint 20 fois la superficie de Paris
• Les sinistrés de Fort McMurray découvrent l’ampleur des dégâts
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Par Maxime Combes : sortons de l'âge des fossiles !
Interrogée à l'Assemblée nationale, Ségolène Royal a annoncé vouloir interdire l'importation de gaz de schiste sur le territoire national.
L'intention est louable. Mais la proposition est contraire aux pratiques et décisions récentes du gouvernement et de la Commission européenne en la matière. Et elle se heurte de plein fouet aux règles de l'OMC. Explications.
Après la Norvège et le Portugal, la France va importer du gaz de schiste provenant des Etats-Unis. L'information n'est pourtant pas nouvelle.
Cela fait deux ans que l'on sait qu'EDF et Engie ont signé des contrats aux Etats-Unis leur permettant d'importer du gaz de schiste en France, sans que le gouvernement, pourtant actionnaire majoritaire et de référence dans chacune des deux entreprises, ne cherche à les en empêcher. Cela fait également deux ans que nous alertons sur les investissements des entreprises françaises (et notamment des banques françaises) dans le gaz de schiste (production, exploitation, services ou importation). Des investissements qui sont encouragés et jugés de façon bienveillante par le Président de la République et le gouvernement.
Interrogée sur France 2 ce dimanche 8 mai, Ségolène Royal a affirmé qu'on ne pouvait « pas interdire le gaz de schiste sur le territoire français pour des raisons environnementales graves et en même temps accepter l'importation ». C'est juste. Mais c'est pourtant ce qu'ont laissé faire le gouvernement et les services de l'Etat, en toute connaissance de cause, depuis plus de deux ans.
Autrement dit : Ségolène Royal annonce vouloir interdire les importations de gaz de schiste que le gouvernement et les services de l'Etat ont encouragées ou, du moins, n'ont pas cherché à bloquer.
En affirmant vouloir étudier « juridiquement » la façon d'interdire les importations prévues par EDF et Engie, Ségolène Royal, en plus de réagir avec retard, expose au grand jour le manque de sérieux et les négligences du gouvernement en matière de contrôle sur les choix d'investissement d'entreprises dont l'Etat est actionnaire majoritaire (EDF) et de référence (Engie). Rappelon-nous d'ailleurs que le gouvernement avait sélectionné ces deux entreprises pour être des sponsors de la COP21 au prétexte que cela les inciterait à avoir des comportements plus climato-compatibles au lendemain de la COP21 qu'avant (voir ici et ici) : il n'en est manifestement rien.
Un manque de sérieux qui se double d'une mauvaise compréhension des systèmes énergétiques.
Les contrats prévoient d'importer 100 % de gaz naturel liquéfié (GNL) provenant de la production étatsunienne, le GNL étant la seule forme sous laquelle il est possible de transporter du gaz (de schiste ou pas) à travers les océans.
Il se trouve qu'aux Etats-Unis, comme dans les autres pays, il n'existe qu'un seul système gazier d'acheminement et de distribution (gazoducs), de stockage et de traitement du gaz (usines de liquéfaction et de regazéification).
Autrement dit : à partir du moment où vous souhaitez importer du gaz naturel liquéfié d'un pays qui exploite – ou envisage d'exploiter – des gaz de schiste, vous importez (ou importerez) nécessairement du gaz de schiste !
Autrement dit bis : à partir du moment où vous souhaitez interdire l'importation de gaz de schiste, vous devez interdire l'importation de gaz de tous les pays exploitant du gaz de schiste.
Autrement dit ter : interdire l'importation de gaz de schiste tout en ayant encouragé la construction de nouveaux ports méthaniers (Dunkerque) ou l'extension de ports existants (Montoir, Fos-sur-mer) est contradictoire.
« Permettre aux entreprises européennes d'importer des ressources énergétiques et matières premières des États-Unis », telle est une des missions qu'a assigné la Commission européenne au Tafta.
Autrement dit : la Commission européenne négocie au nom du gouvernement français la facilitation des importations de gaz de schiste que Ségolène Royal annonce vouloir interdire !
Le 16 février, la Commission européenne a dévoilé de nouvelles propositions en matière d'approvisionnement en gaz : elle encourage l'UE et les Etats-membres à une importation massive de gaz de schiste venant des Etats-Unis au nom de la sécurité de l'approvisionnement énergétique des pays-membres de l'UE.
Pour des raisons techniques liées à l'interconnexion des réseaux gaziers européens, la question de l'interdiction de l'importation de gaz de schiste doit donc se poser au niveau européen, en étant accompagnée d'une proposition d'interdiction d'exploitation sur le sol européen. Si Ségolène Royal est sincère, c'est clairement la direction à suivre. La tâche est immense. De nombreux pays ne veulent pas interdire l'exploitation des gaz de schiste et les récentes décisions de la Commission européenne vont dans le sens contraire. Néanmoins, une telle proposition pourrait être soutenue par de nombreuses organisations de la société civile européenne.
Au nom du climat et de l'environnement, proposer d'interdire au niveau européen l'importation de gaz de schiste – et donc de GNL – de pays les exploitant serait une proposition courageuse et de nature à faire bouger les lignes. Une telle proposition se heurterait frontalement aux règles du commerce international qui sont consignées dans les accords de l'OMC.
Lire l'article sur le Blog Médiapart de Maxime Combes