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Il y a 10 ans : le nord-est de la Hongrie ravagé par le cyanure. Hongrois et Roumains luttent contre la pollution

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Au début de l'année 2000, au cœur de l'Europe, les digues du bassin de décantation d'une mine d'or se rompent, officiellement en raison d'abondantes chutes de neige. 100 000m3 d'eau contaminée au cyanure se déversent dans la rivière Samos. Accusé d'employer une technologie interdite en Europe, le PDG de l'entreprise australienne actionnaire de la mine réplique aux accusations en demandant « si ce n'était pas plutôt le mauvais temps qui avait tué tous ces poissons » Dix ans plus tard, l'Amérique Latine fourmille de projets de mines d'or à ciel ouvert employant cette même technologie interdite en Europe. « Qu'ils sont rusés ces mineurs qui veulent nous tromper en disant que les truites se noient parce qu'elles ne savent pas nager », - chante-t-on au carnaval de Cajamarca (Pérou).

Voici quelques rappels factuels de la catastrophe survenue en Hongrie en 2000. Où aura lieu la prochaine ? En Argentine ? En Colombie ? Au Pérou ? Les projets ne manquent pas...

Le spectacle est désolant: sur plus de 5 km, des tonnes de poissons morts couvrent le fleuve et des renards gisent, çà et là, sur les rives de la Tisa.

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A l'origine de la pollution, l'usine roumaine Aurul située à Baia Mare, à 70 km de la frontière hongroise, qui exploite une mine d'or. On y utilise le cyanure pour extraire l'or des métaux. D'abondantes chutes de neige auraient causé la rupture de la digue de décantation de l'usine, le 31 janvier, provoquant l'écoulement de 100 000 m3 d'eau, pleine de cyanure dans la rivière Samos, qui se jette dans la Tisa en Hongrie. Peu après, des taux de cyanure 700 fois supérieurs à la normale étaient relevés, selon le ministre roumain de l'Environnement. La vague d'eau contaminée a progressé lentement ­ 3 km/h ­ et l'ampleur du désastre n'a été appréciée que quelques jours plus tard. Le poison a tué toute la faune et la flore de la petite rivière Samos. La Haute-Tisa (nord-est de la Hongrie) est particulièrement touchée, avec 80% de sa faune et de sa flore détruites par le cyanure. Selon les pêcheurs, il y aurait encore des tonnes de cadavres de poissons pris dans la boue ou sous les glaces au nord du pays. A Szolnok, ville de 80 000 habitants, plusieurs centaines de personnes ont participé, bougies à la main, à une manifestation silencieuse pour dénoncer la mort de la rivière.

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la Tisa est l'une des plus belles régions de la Hongrie, prisée des touristes. Le cours capricieux de la rivière, dessiné, dit la légende, «par la queue d'un âne aveugle», s'enroule en boucles et traverse des réserves naturelles. Des espèces protégées y vivent, comme ces cinq couples d'aigles que des vétérinaires s'emploient à sauver. Les rapaces ont en effet absorbé du cyanure et l'on tente de les appâter avec du poisson bourré de contrepoison. Certaines espèces de poissons et d'insectes pourraient être rayées de la carte de la région, selon Zoltan Varga, expert auprès du Premier ministre. De surcroît, le cyanure risque de stagner dans les nombreux bras morts de la Tisa. En attendant une étude globale sur l'impact du cyanure, certains écologistes estiment qu'il faudra dix ans à la Tisa pour retrouver sa faune et sa flore. Sans compter que la rivière, très poissonneuse, qui traverse l'une des régions les plus pauvres dans l'est du pays, fait vivre des milliers de personnes.

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L'usine Aurul est détenue à part égale par l'Etat roumain et la société australienne Esmeralda, dont les déclarations ont fortement surpris. De Sydney, le PDG australien s'est déclaré «sceptique» sur le rôle du cyanure, se demandant si ce n'était pas plutôt le mauvais temps qui avait tué tous ces poissons. «Visiblement, le poisson n'est pas mort de pneumonie», a rétorqué un haut fonctionnaire hongrois très agacé. Tant du côté hongrois que roumain, on s'accorde pour dire que l'usine Aurul, qui utilisait une technologie interdite dans l'Union européenne, est bien à l'origine de la catastrophe.

Mais déterminer qui paiera les dommages est une autre histoire. Bucarest s'est porté partie civile afin d'être dédommagé par Aurul.

Pour en savoir plus

10 ans après les faits, qu'en est-il de la situation ? L'entreprise australienne a-t-elle était condamnée ? Difficile de le savoir. Si en Europe, la justice environnementale n'est pas rendue, que pourront faire les communautés paysannes et les indigènes des pays du sud en cas d'accidents ?

 

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