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Equateur : "Yasuni ITT ou l'échec de la non-exploitation du pétrole"

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Source de l'article de presse
Auteur de l'article de presse: 
Jonathan Parienté
Date de publication: 
Mardi, 20 Août, 2013

L'Equateur est le plus petit pays membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ; environ un cinquième de ses ressources supposées reposent dans le sous-sol du parc Yasuni reconnu pour sa grande richesse en matière de biodiversité. Entre la sauvegarde de ce petit bout d'Amazonie et l'exploitation des énergies fossiles, le président équatorien, Rafael Correa, a tranché en faveur de la seconde.

Les champs pétroliers d'Ishpingo, de Tambococha et de Tiputini – dits "ITT" – et leurs quelque 900 millions de barils de pétrole seront donc exploités, a annoncé, jeudi 15 août lors d'une allocution solennelle, le président Correa, avec une"profonde tristesse".

 Réélu en février, Rafael Correa avait promis d'approfondir sa "révolution citoyenne" où doivent se mêler transformation sociale du pays et respect de l'environnement. M. Correa a reconnu avoir pris"une des décisions les plus difficiles de tout [son] gouvernement" en favorisant le pétrole aux dépens de cette réserve de biosphèreclassée par l'Unesco (PDF), où vivent 696 variétés d'oiseaux, 2 274 d'arbres, 382 de poissons, 169 de mammifères ou encore 121 de reptiles, ainsi que des dizaines de milliers d'espèces d'insectes.

ULTIMATUM ÉCOLOGIQUE

Avant de se résoudre à ce que beaucoup dénoncent comme un désastre écologique, le pouvoir équatorien avait tenté une approche originale, sinon inédite : l'initiative Yasuni-ITT. En 2007, à la tribune de l'ONU, le président Correa lançait à la communauté internationale une sorte d'ultimatum écologique – de chantage, diront certains – pour que soit préservée la forêt amazonienne.

En échange de la non-exploitation de son sous-sol et du non-rejet dans l'atmosphère de 400 millions de tonnes de CO2, le président équatorien demandait 3,6 milliards de dollars, sur une douzaine d'années, aux plus gros consommateurs de pétrole sur la planète, soit la moitié de ce que rapporterait à l'Etat équatorien l'extraction du pétrole.

L'initiative a pris un tour plus concret en 2010, quand le gouvernement équatorien a signé un accord avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui a ouvert un "fonds d'affectation spéciale", une sorte de compte ad hoc, destiné à recevoir les contributions internationales. Le PNUD s'engageait également à administrer ces fonds, en accord avec les pays donateurs.

 UNE VICTOIRE POLITIQUE ?

Certains ont vu dans Yasuni ITT un renouveau des discussions environnementales, à l'heure de l'échec des grandes conférences sur le réchauffement climatique, et notamment celle de Copenhague, fin 2009. Ainsi, Matthieu Le Quang, chercheur en sciences politiques à Quito – et auteur deLaissons le pétrole sous terre ! – écrivait en 2010 dans les colonnes du Mondeque l'initiative ITT Yasuni était "une proposition pionnière et innovante, une alternative aux discussions dominantes au niveau mondial". 

Aujourd'hui, après son abandon par M. Correa, M. Quang estime qu'il s'agit d'un"échec économique prévisible", dans la mesure où il était peu probable que "les pays du Nord soutiennent l'initiative qui revenait à remettre en cause la base dessociétés capitalistes". En revanche M. Quang y voit un gain politique : l'Equateur, en proposant une "solution avant-gardiste" pour sauvegarder l'environnement, s'est placé comme "un acteur majeur de la lutte contre le réchauffement climatique". 

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A voir aussi :

Yasuní-ITT : un projet impossible pour l'extractiviste Correa

Date de publication: 
Jeudi, 5 Septembre, 2013
Par: 
William Sacher, universitaire, actuellement doctorant en économie du développement de Flacso-Ecuador, Quito.

Article paru également dans FAL Magazine, automne 2013.

L'initiative Yasuní-ITT est « le projet phare de la révolution citoyenne ». Ainsi s'exprimait en 2010 le président de l'Équateur Rafael Correa, suscitant de sérieux espoirs d'un avenir post-extractiviste au sein du mouvement écologiste global. C'est dire si l'annonce par Correa de l'abandon de l'initiative, le 15 août dernier, a pour le moins été vécue comme un coup de massue par de nombreux réseaux écologistes d'occident et d'ailleurs.

L'examen des politiques menées par Correa au cours des dernières années montrent cependant que ce nouvel écueil de la « gauche » latinoaméricaine était largement prévisible.

Une initiative pionnière

Proposition totalement inédite et ayant reçu un grand soutien populaire, l'initiative Yasuní-ITT consistait pour l'Équateur à se refuser à exploiter une partie de ses réserves prouvées de pétrole en Amazonie (situées dans le parc national de Yasuní) en échange de dons qui seraient venus de l'étranger. L'objectif officiel était de préserver cette partie de l'Amazonie, hébergeant une biodiversité unique sur la planète et le milieu de vie de nombreuses communautés autochtones, certaines étant en « isolement volontaire » (bien que Correa et son gouvernement ont, d'une manière plus réductrice, souvent mis en avant l'intérêt du projet pour la seule lutte contre les changements climatiques).

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