ULTIMATUM ÉCOLOGIQUE
Avant de se résoudre à ce que beaucoup dénoncent comme un désastre écologique, le pouvoir équatorien avait tenté une approche originale, sinon inédite : l'initiative Yasuni-ITT. En 2007, à la tribune de l'ONU, le président Correa lançait à la communauté internationale une sorte d'ultimatum écologique – de chantage, diront certains – pour que soit préservée la forêt amazonienne.
En échange de la non-exploitation de son sous-sol et du non-rejet dans l'atmosphère de 400 millions de tonnes de CO2, le président équatorien demandait 3,6 milliards de dollars, sur une douzaine d'années, aux plus gros consommateurs de pétrole sur la planète, soit la moitié de ce que rapporterait à l'Etat équatorien l'extraction du pétrole.
L'initiative a pris un tour plus concret en 2010, quand le gouvernement équatorien a signé un accord avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui a ouvert un "fonds d'affectation spéciale", une sorte de compte ad hoc, destiné à recevoir les contributions internationales. Le PNUD s'engageait également à administrer ces fonds, en accord avec les pays donateurs.
UNE VICTOIRE POLITIQUE ?
Certains ont vu dans Yasuni ITT un renouveau des discussions environnementales, à l'heure de l'échec des grandes conférences sur le réchauffement climatique, et notamment celle de Copenhague, fin 2009. Ainsi, Matthieu Le Quang, chercheur en sciences politiques à Quito – et auteur deLaissons le pétrole sous terre ! – écrivait en 2010 dans les colonnes du Mondeque l'initiative ITT Yasuni était "une proposition pionnière et innovante, une alternative aux discussions dominantes au niveau mondial".
Aujourd'hui, après son abandon par M. Correa, M. Quang estime qu'il s'agit d'un"échec économique prévisible", dans la mesure où il était peu probable que "les pays du Nord soutiennent l'initiative qui revenait à remettre en cause la base dessociétés capitalistes". En revanche M. Quang y voit un gain politique : l'Equateur, en proposant une "solution avant-gardiste" pour sauvegarder l'environnement, s'est placé comme "un acteur majeur de la lutte contre le réchauffement climatique".
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