À proximité de l’échéance de la fin 2015, Alteo prétend continuer l’exploitation pour trente ans et évacuer en mer quatre-vingt-quatre tonnes par an d’effluents liquides, en mettant en œuvre un procédé qui, grâce à des filtres presses, déshydrate les boues. Mais les rejets radioactifs et en métaux lourds restent bien au-delà des normes. D’autre part, les déchets s’accumulent dans le vallon du Mange-gari, situé à proximité de l’usine. Les riverains respirent les poussières formées en partie de particules fines, ce qui potentialise leurs effets morbides sur leur santé. Le nouveau procédé va y entraîner la décharge à grande échelle des résidus métalliques et radioactifs. La nappe aquifère alluviale superficielle de l’Arc affleure à 70 cm de ce vallon fracturé. Début 2015, un arrêté municipal interdit aux riverains de boire l’eau de leur puits, de l’utiliser pour l’arrosage et pour remplir leur piscine. On peut craindre aussi la contamination de la nappe profonde. Or, ces deux ressources deviendront indispensables en cas de pénurie temporaire due au dérèglement climatique.
Face à tous ces enjeux d’atteinte insupportable à la biodiversité marine, à la santé humaine et à l’avenir de la ressource en eau douce, le fonds d’investissement HIG capital a dirigé une offensive en trois directions principales.
La transformation d’une fraction des déchets en sous-produit, la «bauxaline», qui peut être employée comme remblai ou matériau de construction, est utilisée pour séduire les partisans d’une économie circulaire non systémique. Mais, entre autres problèmes, ses concentrations en thorium et en uranium sont exorbitantes au regard d’une directive européenne récente et obèrent son stockage et sa commercialisation.
Le mythe techniciste est mobilisé pour faire croire qu’il suffit de quelques années de moratoire pour trouver des solutions satisfaisantes et durables pour poursuivre une exploitation profitable pour HIG-Alteo, sans aucun risque.
Tous ces masques visent à fonder une pseudo-défense de l’emploi industriel au pays. Mieux vaudrait continuer à polluer à long terme que supprimer 400 emplois.
Le souci affiché de sauvegarder l’emploi en réduisant les nuisances a conduit l’Assemblée nationale à voter en 2012 un amendement sur mesure à la loi de finance rectificative qui fait cadeau de plus de 10 millions d’euros à Alteo sur la redevance de l’eau, tandis que ses investissements faisaient l’objet pour moitié d’une subvention de l’Agence de l’eau RMC. On ne connaît pas le montant du crédit d’impôt recherche, mais il est sûr que les profits d’éventuels brevets ainsi financés seront capitalisés par HIG. Ce dispositif est démystifié par la mise en lumière des contraintes imposées par ces sociétés comme condition des études de faisabilité de la dépollution intégrale.
Dans son étude de 2014, le BRGM, a évalué « Le choix de l’osmose inverse ou de l’adsorption sur charbon actif » pour traiter convenablement les effluents, ainsi que les solutions éventuelles pour un traitement adéquat de neutralisation des boues et de leur gestion. Il révèle qu’elles entraîneraient « un montant supérieur à 4 M€ pour les coûts de fonctionnement (qui) est considéré par Alteo comme non gérable, ce montant correspondant à 80% de l’EBITDA ». De plus, il faudrait croire HIG-Alteo sur parole. Les comptes d’Alteo holding (SAS) et de ses deux filiales n’ont jamais été transmis au greffe du tribunal de commerce d’Aix et publiés, ce qui constitue une atteinte grave à la loi, mais scandaleusement tolérée en l’espèce.
C’est donc le taux de profit exigé par le fonds d’investissement qui s’oppose à l’emploi durable, à la santé humaine, et au bon état des masses d’eau. Dans ces conditions, la lutte des associations et des citoyens opposés aux pollutions déversées par Altéo s’amplifie.