En 2012, au Gabon, alors que l’entreprise annonçait une augmentation de 72% de son chiffre d’affaire atteignant ainsi les 376,3 millions d’euros annuels, les habitants de la région du lac Ezanga dénonçaient l’empoisonnement des sources d’eau, l’apparition de maladies gastriques et le premier cas de mort imputable à ces maladies[4]. D’un autre côté́, ils dénonçaient le non-respect des promesses tenues par l’entreprise : «Les responsables de la compagnie avaient contractés une série d’engagements qu’ils n’ont malheureusement pas respectés. « Maurel & Prom nous avaient promis 800 emplois directs, alors que les jeunes continuent d’attendre qu’ils accomplissent leur promesse.»[5]. De la même manière, en 2012 en Colombie, les habitants de la province de Sugamuxui dans la région de Boyaca, dénonçaient le fait que Maurel & Prom et son entrepreneur, la Compagnie Géophysique Latinoaméricaine (CGL) agissaient de manière irrégulière en agressant et en profitant de la confiance des habitants. Ils déclenchaient lors des travaux d’exploration de nombreuses explosions utilisant du matériel provenant de l’Industrie Militaire, en provoquant des dégâts sur les habitations et les tuyauteries des communautés, les laissant ainsi sans eau mais également en demandant l’intervention de l’armé pour réprimer les protestations .[6] Récemment, Maurel et Prom, associée à Petrolia, a obtenu l’autorisation d'extraire du gaz et du pétrole de schiste au Québec, sur l'île d'Anticosti. Le projet d’extraction de gaz et de pétrole non conventionnel – activité fortement critiquée en France en raison des risques environnementaux qu'elle génère – prévoit l’ouverture de 12 000 puits. L’activité dévastera le fragile écosystème de l’île sur laquelle se trouve un Parque National qui abrite de nombreuses espèces d’oiseaux, de cerfs et de phoques[7].
Depuis 2010, avec l’obtention du permis pour le lot 116 à Condorcanqui, Maurel & Prom tente de créer un nouveau fief en Amazonie, à coup de promesses et de cadeaux aux habitants, en achetant la confiance de quelques supposés «dirigeants politiques», en provoquant des divisions entre les communautés et les organisations. En 2012 se tenait à Santa Maria de Nieva la « rencontre des chefs et responsables face à la menace des activités d’hydrocarbure et minières sur les terres ancestrales des peuples Awajun Wampis» qui rassemblait 74 participants, des chefs communaux aux responsables des organisations de base en passant par les fonctionnaires de défense des villages, ainsi que la presse. En dépit de l’invitation faite par la Commission Spéciale Permanente des peuples Awajun Wampis, l’entreprise pétrolière Maurel & Prom ne se rendit pas à la rencontre, rejetant l’invitation des participants. Dernièrement, en 2013, près de 80 responsables indigènes exigèrent de l’Etat péruvien la suspension des activités réalisées sans consultations par Maurel & Prom. Plus récemment, l’entreprise organisait des réunions avec un autre groupe de dirigeants Awajun et les responsables d’à peine 3 communautés concernées par le lot 116 qui se déclaraient favorables au travail de l’entreprise.
Depuis 2010 Maurel & Prom est associé à une autre entreprise du même type, la canadienne Pacific Rubales, déjà̀ connue en Colombie pour la violence de ces conditions de travail et la répression exercée contre ses ouvriers. D’après le journal El Espectador, 12 700 employés par Pacific Rubiales « vivent dans des tentes comme s’ils étaient des refugiés de guerre (...) des équipes de sécurité́ de l’entreprise, composées par des ex officiers ou ex sous-officiers de l’armée, par la police ou le DAS[8] surveillent chacun de leurs mouvements (...) la sécurité́ sociale est inexistante. Les infirmières sont débordées par les conditions d’entassement qui multiplient les infections en quelques minutes. Il reste à dire que le travail est consciencieusement divisé pour empêcher que les ouvriers puissent s’organiser (...) Les compagnies qui sélectionnent le personnel possèdent un énorme pouvoir et sont généralement manœuvrées par des politiques locaux qui font, des travailleurs et de leur famille, de véritables otages électoraux»[9]. En 2009, Les protestations des ouvriers de Campos Rubiales furent violemment réprimées par la police avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes[10]
Aujourd’hui, cette entreprise cherche à créer des relations positives avec les communautés, en faisant des promesses d’emplois et de développement utilisant certains «anthropologues» qui sans aucun scrupule mentent aux populations, en masquant les véritables intentions et en occultant les antécédents de ces géants du Capital. Leur stratégie est d’acheter le consentement de quelques communautés et organisations indigènes pour légitimer leur présence.
Hier le colonialisme justifiait toutes ses barbaries au nom de la civilisation, aujourd’hui les entreprises pétrolières les justifient au nom du progrès et du développement. Les Awajun et les Wampis ne désirent pas une guerre, c’est pour cette raison que leurs organisations épuisent tous les moyens légaux, font appel à toutes les instances nationales et internationales, afin de réclamer que leurs droits soient respectés. Il y a cinq ans le sang coulait dans cette région, et certains le paient en passant leur vie en prison pour avoir résister à la domination des entreprises pétrolières. Danny, Asterio et Feliciano ont déjà̀ passé cinq années de leur vie en prison, pendant que Maurel & Pons et Pacific Rubiales arrivent à Condorcanqui et, grâce à leur stratégie visant à diviser, ils parviennent à s’installer. Jusqu’où̀ iront l’Etat péruvien et les entreprises pétrolières?
Continueront- ils à provoquer des conflits internes jusqu’à ce que la région devienne le théâtre d’une spirale de violence ? Quels prix devront payer ces hommes et ces femmes pour que leur volonté de préserver leurs vies et leurs terres de la dévastation environnementales soit respectée ?
[1] Selon les données officielles, le 5 juin 2009, 24 policiers ont été tués à Bagua et un général de la DINOES a été porté disparu (Direction Nationale des Opérations Spéciales). Parmi les policiers décédés, douze ont été tués pendant le délogement de la Curva del Diablo, à coup de lance et avec des armes à feu que les manifestants avaient réussies à subtiliser aux forces de l'ordre ; le reste des policiers, qui avaient été pris en otage dans la Station 6 de Petroperú, ont été exécutés par les indigènes en représaille des attaques armées de la DINOES. Toujours selon les données officielles, du côté des manifestants, il y aurait 10 morts et 200 blessés par balles. Pour plus d'informations nous recommandons la lecture de l'Informe en Minoria de la Commission Spéciale pour la recherche et l'analyse des événements de Bagua, téléchargeable à l'adresse suivante: http://informebagua-enminoria.blogspot.fr/
[2] http://servindi.org/actualidad/2265
[3] http://www.lefigaro.fr/societesfamiliales/2007/05/22/05009-20070522ARTWCP90505-maurel_amp_prom_la_ruee_vers_lor_noir_de_jean_francois_henin.php
[4] http://gabonreview.com/blog/ maurel-prom-et-le-scandale-oublie-du-champ-donal/
[5] http://gabonreview.com/blog/maurel-prom-exaspere-le- canton-des-lacs
[6] https://www.youtube.com/watch?v=T-4PrBu_b8A