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Algérie : « Quelles que soient les provocations du pouvoir, notre mobilisation restera pacifique »

Peu médiatisée, la mobilisation citoyenne se poursuit en Algérie contre l’exploitation des gaz de schiste. Entre arrestation de caricaturiste engagé et convocation policière d’opposants à la fracturation hydraulique, les autorités tentent de freiner le mouvement. Basta ! a rencontré l’un des piliers de cette lutte, Mouhad Gasmi. « Il va y avoir tôt ou tard une convergence des luttes, prédit-il, et je suis convaincu que cela peut faire vaciller le régime si le gouvernement continue à camper sur ses positions. » Rencontre.

« Une fois rentré en Algérie, je crains qu’on m’arrête ». Les craintes de Mouhad Gasmi, opposant farouche à l’exploitation de gaz de schiste, étaient fondées. Le 13 mai, il a été convoqué avec trente autres militants, par la police d’Adrar, la ville algérienne où il vit, suite à une plainte déposée cinq mois plus tôt par le directeur d’un hôpital pour « insulte et saccages de biens » [1]. Des accusations réfutées par Mouhad. « Nous avons organisé un sit-in devant l’hôpital pour revendiquer de meilleures conditions d’accueil et nous avons exprimé notre soutien aux médecins qui travaillent dans des conditions pénibles », indique t-il au site d’informations Impact 24. Nous n’avons insulté personne et nous n’avons jamais cassé le moindre objet. » Le militant a pour l’instant été relâché, mais sera traduit en justice.

In Salah poursuit sa grogne anti-schiste dans la confusion, la police hausse le ton

Contrairement à ce qui a été annoncé dans le journal de 12h30 de ce jeudi 29 janvier sur la radio nationale, où a été rapporté que "les jeunes de In Salah ont levé leur campement", les protestataires continuent leur mobilisation contre le gaz de schiste deux jours après les annonces du président Bouteflika.

Jeudi, les habitants d'In Salah ont organisé une marche et tenu un rassemblement à la place "Somoud" pour la 29e journée consécutive alors que la police, jusqu'ici discrète, s'est montrée plus visible. Des centaines de personnes ont rejoint la marche quotidienne contre le gaz de schiste, devenue une habitude depuis presqu'un mois à In Salah.

Le comité des 22, représentant des manifestants, exige, afin de mettre fin à ce mouvement, l'installation d'une commission technique chargé du suivi et du contrôle des forages de gaz de schiste, rapporte le quotidien Liberté. dans son édition d'aujourd'hui.

“Nous sommes contents que Bouteflika décide de la fermeture des puits, mais il doit nous assurer quant à la mise en place d’une commission de suivi et de contrôle de ce processus. Notre souhait est qu’il y aurait au moins cinq techniciens de la région dans cette commission que désigneront les citoyens d’In Salah”, a annoncé Abdelkader Bouhafs, un des leaders du comité.

Louisa Hanoune et le gaz de schiste en Algérie: entre soutien et désinformation

« Comment ça se fait que nos docteurs, nos professionnels de la santé disent qu’il faut un moratoire [sur le gaz de schiste] et que le politicien Claude Williams [nous dise] : il n’y a pas de problème, faites-nous confiance. Moi, quand j’ai un problème de santé, je vais voir un professionnel de la santé, pas un politicien. » Nicole Richard, porte-parole du comité Notre environnement, notre choix, Canada.[ii]

El Watan a récemment publié un article qui expose le soutien de Louisa Hanoune à l’exploitation du gaz de schiste en Algérie[iii]. En affirmant résolument que les inquiétudes des Algériens à ce sujet sont « légitimes mais infondées », elle appelle la population à ne pas s’inquiéter car l’Algérie « dispose d’une loi sur les hydrocarbures à la hauteur ». Je pense au contraire qu’il est légitime de s’inquiéter… non seulement à l’égard de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie, mais également à la désinformation et aux contrevérités avancées par Mme Hanoune pour légitimer cette pratique en Algérie.

La secrétaire générale du Parti des travailleurs avance que « le gaz de schiste est déjà exploité dans d’autres pays à l’image des Etats Unis et du Canada ». Rien que cette première citation mérite d’être décortiquée. De prime abord, Louisa Hanoune souhaite légitimer l’exploitation du gaz de schiste en Algérie parce que de grandes puissances (ex. États-Unis et Canada) l’ont fait. Consciemment ou inconsciemment, elle omet de dire que la France[iv], le Québec, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie ont imposé un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste en raison des risques écologiques de la fracturation hydraulique. Par la même occasion, elle omet de mentionner que l’exploitation du gaz de schiste a été suspendue en Angleterre en 2012 dans l’attente d’études environnementales approfondies, ou encore que l’Allemagne a reporté sine die tous les projets d’exploration dans l’attente de conclusions des recherches d’un grand groupe de travail où universitaires, industriels et politiques ont été réunis.

Algérie, Contestation du gaz de Schiste : Le pouvoir désorienté

Source : http://www.elwatan.comSource : http://www.elwatan.comLes Algériens ne décolèrent pas sur la question de l’exploitation du gaz de schiste. Les manifestations se poursuivent et In Salah devient le cœur battant de la mobilisation contre ce gaz non conventionnel dont l’exploitation risque de priver les générations futures de précieuses ressources en eau.

In Salah met le pouvoir d’Alger devant ses responsabilités et l’accule là où il se croyait seul maître à décider de l’avenir de ce pays. Il s’en trouve d’ailleurs désorienté, ne sait plus quoi répondre. Après la tentative de Saadani de surfer sur la fibre régionaliste pour calmer les algériens du Sud alors que le FLN a bien voté la loi autorisant le recours au gaz de schiste, ou encore l’invitation de la Présidence au dialogue sans même envoyer un émissaire sur les lieux pour discuter avec la population, ou bien les assurances non convaincantes du ministre de l’Energie et le PDG de Sonatrach sur l’impact minime de la technique de fracturation hydraulique sur l’environnement, c’est au tour du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de trouver une sortie moins directe en choisissant de poster un message, hier, sur sa page facebook disant que «le gouvernement n’a jamais délivré aucune autorisation d’exploitation du gaz de schiste en Algérie».

Une affirmation en totale contradiction avec l’annonce faite par le Conseil des ministres de mai 2014 autorisant l’exploitation des gaz non conventionnels.  La compagnie française Total est opérationnelle depuis fin 2013 en Algérie, dans le bassin de Timimoun, en association avec Sonatrach et la société espagnole Cepsa, ainsi qu’à Ahnet (In Salah) avec Schlumberger, Sonatrach et la turque Partex.

Algérie : feu vert pour les gaz de schiste

Après un vote pratiquement à sens unique, la nouvelle loi sur les hydrocarbures N.13-01 du 20 février 2013 modifiant et complétant celle du 28 avril 2005, a été publiée au JO n°11, du 24 février dernier.

Le rideau est donc tombé sur le déjà ancien débat sur l'exploitation des gaz de schiste, en Algérie. La nouvelle loi sur les hydrocarbures n'a pas été tellement remaniée par rapport à l'ancien texte de 2005, hormis l'exploitation des gaz non conventionnels, c'est-à-dire les gaz de schiste et quelques réaménagements concernant le transport de gaz et de pétrole par canalisations qui seront désormais dévolus à Sonatrach.