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Europe

Commentaires sur le Blueprint et la révision de la PAC

Date de publication: 
Dimanche, 1 Septembre, 2013
Par: 
Annelies Broekman

Le contexte

Alors que les deux tiers des experts spécialisés dans l'agriculture et l'eau, venant de tous les États membres, la Commission Européenne, et d'autres parties prenantes étaient d'accord pour dire que « la conditionnalité réciproque doit être renforcée, élargie et mieux respectée, afin d 'entraîner des effets positifs sur le plan écologique et d'atteindre les objectifs de la Directive Cadre sur l'Eau »[1], la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) n'a proposé aucune mesure pertinente.

En éliminant de la conditionnalité réciproque la Directive Cadre sur l'Eau (DCE) et la Directive sur l'Utilisation Durable des Pesticides, le vote du Parlement Européen du 13 mars 2013 n'a pas entériné la mise en application des politiques de l'eau comme condition préalable aux subventions de la PAC. Il est scandaleux que la protection de l'eau se soit vue réduite au fait que le Système de Conseil Agricole se portait garant de la prise de conscience des agriculteurs. Et la Commission Européenne s'est contentée de conseiller mollement la mise en oeuvre de ces mesures une fois que tous les États membres auront satisfait à l'ensemble des politiques de la Directive Cadre sur l'Eau[2]. Les conditions préalables requises des agriculteurs se sont constamment réduites lors des négociations, jusqu'au moment où le Parlement Européen soit parvenu à un accord politique des 27 États membres en juillet 2013, accord qui se solde par l'élimination de pratiquement toutes les possibilités de protection environnementale par la PAC.

On trouvera dans l'annexe les mesures concrètes de la DCE qui ont trait à l'agriculture et qui auraient pu être rendues obligatoires au moyen de la conditionnalité réciproque. Comme on peut le voir, ces mesures sont très élémentaires et le simple bon sens voudrait qu'elles soient déjà en place. Ce qui n'est pas le cas.

Eau et Extractivisme au FAME: du Nord au Sud, un modèle, des luttes

Le Forum Alternatif Mondial de l'Eau (FAME) ouvrira ses portes à Marseille du 14 au 17 mars. "Eau et extractivisme" est l'un des axes thématiques des ateliers et débats du forum : http://www.fame2012.org/files/eauext.pdf 

Mines, puits de pétrole et de gaz, plantations ou élevages industriels, barrages hydroélectriques géants…,- tous les jours, de nouveaux territoires sont transformés en zones de sacrifice destinées à fournir matières premières et énergie. L’exploitation à grande échelle de la nature et de ses « ressources » s’accélère de façon exponentielle dans les pays du « Sud », enfermés dans ce « rôle » depuis l’époque des colonies. Bouleversements sociaux et transformations culturelles inévitables, altérations souvent irréversibles des écosystèmes, pollutions aux effets dévastateurs pour la santé, - les impacts des industries extractives sont connus et dénoncés. Au Nord aussi, la prédation avance : la récente avalanche de projets d’exploitation d’hydrocarbures dans les pays occidentaux montre bien que, même si les contextes diffèrent, aucun territoire n’est définitivement épargné. Partout, au Sud, comme au Nord, éclatent des conflits entre populations victimes ou menacées, entreprises et pouvoirs publics. Dans de nombreux endroits de la planète, s’organisent des résistances, se structurent des mobilisations et naissent des mouvements populaires qui s’opposent aux « mégaprojets » d’exploitation de la nature.

« L’eau vaut plus que l’or », - proclament les graffitis sur les murs des villes et villages d’Argentine, du Pérou, de Colombie… et d’ailleurs, « Boire ou conduire, il faut choisir », - scandent les militants anti-gaz de schiste français. L’eau, qui « n’a pas de prix », est, presque toujours, au centre de ces combats. Continuellement, l’accès à l’eau, sa disponibilité ou sa qualité se voient directement menacés. Chaque industrie a son « livre noir». Les mines à ciel ouvert polluent les cours d’eau et les aquifères (produits toxiques et métaux lourds provenant de drainages acides), dégradent les zones de recharge hydrique, détériorent les glaciers et le permafrost. Dans des régions déjà victimes de stress hydrique, des millions de litres d’eau sont utilisés quotidiennement pour les activités minières au détriment des besoins des populations. L’extraction d’hydrocarbures de schiste requiert aussi d’énormes quantités d’eau. Chaque opération de fracturation hydraulique consiste à injecter dans le sous-sol entre 10 et 20 millions de litres d’eau, mélangée à du sable et des adjuvants chimiques, dont une partie seulement remonte à la surface et dont le retraitement pose de sérieuses questions. L’exploitation pétrolière a un lourd passif : pollutions de l’eau douce et de l’eau de mer, accidentelles (marées noires) ou systématiques (delta du Niger, Amazonie équatorienne ou péruvienne…) qui provoquent de véritables tragédies environnementales, sanitaires et humaines. Les grands barrages hydroélectriques sont à l’origine de la disparition des poissons de nombreux fleuves, ce qui équivaut à la destruction des économies locales basées sur la pêche. La liste est longue… 

Le terme « extractivisme » nous vient de l’Amérique hispanophone*.

Le pétrole issu des sables bitumineux va-t-il être banni en Europe ?

C'est une petite victoire des écologistes sur les énergies fossiles les plus polluantes. Mardi 4 octobre, l'Union européenne a adressé aux Etats membres une proposition de directive pénalisant l'utilisation du pétrole tiré des sables bitumineux, dont l’extraction représente une menace pour l'environnement. Les sables bitumineux sont ce que l'on appelle une source de pétrole non conventionnel. Car contrairement au pétrole dit classique, qui afflue naturellement, sous forme liquide, à la surface lors de l'extraction, ces résidus de pétrole contenus dans les roches superficielles prennent la forme d'un bitume très visqueux et lourd, aggloméré avec du sable ou du schiste.