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Controverses

Economie circulaire : La dynamique en marche dans l'Hexagone

En France, depuis un an, le concept d'économie circulaire est en vogue. Après une table ronde consacrée au sujet à la conférence environnementale, une conférence de mise en œuvre a eu lieu en décembre. Mais au-delà des discours, comment ce nouveau modèle de production est-il concrètement mis en œuvre ?

L’économie circulaire : on en parle aujourd’hui beaucoup mais où en est-on réellement en France ? « Il y a une réflexion dans tous les sens mais un manque de structuration nationale », estime François Michel Lambert, député EELV des Bouches-du-Rhône et initiateur de l’Institut de l’économie circulaire créé il y a un an et qu’il considère aujourd’hui comme « une caisse de résonnance » pour le concept avec ses 130 membres « venus d’horizons différents » (entreprises, ONG, écoles, etc).epuis un an en effet, il y a eu un « enchaînement politique » avec la conférence environnementale en septembre 2013 puis la conférence de mise en œuvre trois mois plus tard qui a débouché sur le lancement de plusieurs groupes de travail sur l’amélioration de l’efficacité des ressources et des stratégies industrielles et territoriales notamment. C’est aussi l’un des objectifs de la « France 2025 », portée par le Président de la République. « Il y a clairement eu une accélération. Des opportunités se font jour mais tout reste à inventer dans cette révolution que je compare souvent à celle d’Internet.», constate François-Michel Lambert. D’autant que tout le monde ne parle pas forcément de la même chose. « Nous constatons qu’il y a souvent un mélange de nombreux concepts pour évoquer l’économie circulaire. Les discours restent très orientés « déchets » ou « recyclage » alors que cette vision est très réductrice », souligne ainsi Nathalie Boyer, la directrice générale de l’association multi-acteurs Orée  qui a fait de l’économie circulaire – qu’elle souhaite « globale, systémique et intégrée »- l’une de ses priorités pour l’année 2014. Fixer un cadre commun, avec des indicateurs fiables…c’est donc bien la première urgence.

L'empreinte environnementale de l'économie numérique

L’économie virtuelle consomme une énergie bien réelle. Les « data centers », qui regroupent les serveurs indispensables à la navigation sur le Web et à la circulation des 300 milliards de courriels, pourriels, photos ou vidéos envoyés quotidiennement, peuvent consommer autant d’énergie qu’une ville de 200 000 habitants. Sans compter le coût environnemental de la fabrication d’équipements toujours plus nombreux. De quoi relativiser l’apport apparemment écologique de l’économie dématérialisée, avec ses « télé-réunions », son commerce en ligne ou ses téléchargements.

Envoyer un mail, transférer ou répondre à un message... Autant de banals clics qui génèrent pourtant une quantité non négligeable d’émissions de CO2. L’envoi de courrier électronique dans une entreprise de 100 personnes équivaut à quatorze allers-retours Paris – New York (13,6 tonnes de CO2) chaque année. Quant aux requêtes Internet, via un moteur de recherche, elles représentent en moyenne 9,9 kg de CO2 par an et par internaute. Soit un total d’environ 450 000 tonnes de CO2 pour les 46 millions d’internautes français [1]. Apparemment virtuel, le web inclut des équipements très concrets qui consomment beaucoup d’énergie, à commencer par les serveurs et les centres de stockage des données. Ces ordinateurs sur lesquels s’accumulent les centaines de milliers de textes, images et vidéos postés chaque jour, ont besoin de beaucoup d’électricité pour fonctionner mais aussi pour être refroidis.

AUDIO : L’extractivisme près de chez vous : l’extraction de lignite fait disparaître des villages en Allemagne

Rhénanie-du-Nord-Westphalie, non loin de Düsseldorf. La mine de lignite à ciel ouvert de Garzweiler (Braunkohletagebau Garzweiler), 48 km2 (la surface de la ville de Lyon), exploitée par l'entreprise RWE Power AG, a pris le nom d’un village disparu. Le projet d’extension de la mine, démarré dans les années 1990 doit engloutir 12 autres villages. L’Allemagne […] se fait, depuis plusieurs années, le chantre des énergies renouvelables qui permettent de produire près d’un quart de l’électricité du pays. L’abandon du nucléaire a été décidé au début de la dernière décennie, et accéléré après la catastrophe de Fukushima. Mais le pays présente également un autre visage. Le charbon continue de jouer un rôle central pour la production d’électricité –près de 45%- avec des conséquences négatives sur l’environnement.

Mines de charbon et politique énergétique en Allemagne. Grand reportage RFI sur la mine de lignite à Garzweiler. Pascal Thibaut, Marc Minatel : écouter dans son intégralité sur le site de RFI

Extraits du reportage:

L’Allemagne arrive en tête du palmarès pour l’extraction du lignite, avec 100 millions de tonnes chaque année, dans cette seule région à l’Ouest de Cologne : 1/4 de l’électricité allemande est produite grâce au lignite et près d’1/5 avec du charbon, soit environ 45% avec ces deux minerais (énergies renouvelables : 22% l’an dernier ; le nucléaire : 15%).

La mine de de Garzweiler s’étend sans cesse : il faut déplacer des villages et des villageois. Son nom, Garzweiler, est celui d'un village qui n'existe plus. Après Garzweiler I, la phase II du projet prévoit une extension sur une superficie totale de 45 km2 et provoque des résistances sur le terrain. Lorsque Garzweiler II est autorisé au début des années 1990, le SPD perd la majorité dans son bastion et doit s’allier aux écologistes, opposants de toujours au charbon. A l’arrivée, un compromis boiteux est trouvé, mais Garzweiler II est toujours d’actualité. La société RWE dispose d’une concession jusqu’en 2045. 12 villages doivent disparaître, 7600 habitants expropriés au profit de la RWE et déménagés ; une autoroute doit être déplacée.

Les droites, les gauches et l’écologie libertaire

Les droites, les gauches et l´écologie libertaire

par Marco Arana, traduction de Thierry Uso

Tous les présidents d’Amérique latine, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont été élus par leurs promesses de continuer à promouvoir la croissance économique et de diminuer ou éradiquer la pauvreté. Pour certains d’entre eux, la recette est le néolibéralisme économique. Pour d’autres, une plus grande participation de l’Etat dans les activités économiques et la redistribution de la rente. Dans tous les cas, ils parient sur l’intensification et l’extension des activités extractivistes (mines, pétrole, pêche), sous-entendant que les besoins sont infinis et les ressources naturelles également. Je ne crois pas avoir entendu un seul de ces présidents tenir un discours sophistiqué disant que « les avancées technologiques compenseront et résoudront les graves problèmes écologiques que le modèle de développement actuel génère » ; comme l’ont fait les défenseurs de l’économie verte au dernier sommet sur l’environnement à Rio+20.

Reponse des collectifs anti-gaz et petrole de schiste aux propos de Philippe chalmin dans marianne du 11 fevrier 2013.

En réaction à une tribune parue dans le magazine Marianne le gaz de schiste, nouvel étendard de la "pensée verte"  voici la réponse des collectifs anti gaz et pétrole de schiste

Non, Mr Chalmin, le front du refus ne joue pas sur la peur ! la Gauche à la Droite, il passe également et, de plus en plus, par des Citoyens de tous bords, avec ou sans étiquette politique, qui ne jouent pas, quand ils se retrouvent unis sur le front du refus au nom de la raison et du principe de précaution.

Non, Mr Chalmin, la France et l'Europe ne sont pas les Etats-Unis et ce n'est pas en allant piocher dans notre sous-sol des hydrocarbures de roche-mère, appellation pour l'exploitation des ressources du sous-sol français, que nous atteindrons une plus grande indépendance énergétique. D'une part, parce que les pétroliers et géologues eux-mêmes avouent que le potentiel des réserves existantes n'est pas connu et souvent surestimé. D'autre part, parce que, et vous omettez de le dire, le coût des recherches de ces énergies fossiles sera 2 à 3 fois supérieur en Europe par rapport aux Etats-Unis (Etude de 2010 de l'Oxford Institute of Energy Studes et validée par l'AIE). Vous oubliez également de parler des subventions dont bénéficient les sociétés pétrolières américaines, qui faussent le résultat de la rentabilité de cette exploitation outre-atlantique.

Energies renouvelables Transition énergétique

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Le 8 et le 9 septembre 2 012 a eu lieu à Ginestas non loin de Narbonne la coordination nationale des collectifs anti gaz de schistes. Quelques jours plus tard, le 22, à St Chrystol lès Alès eut lieu une manifestation de 3500 personnes rassemblant des opposants du sud de la France aux gaz de schistes. Les discussions dans les deux cas sont allées bon train. Et fréquemment dans ce cas on en arrive aux 'énergies renouvelables' et à la 'transition énergétique' comme la solution aux problèmes épineux qui sont posés ; par les gaz de schistes notamment.

On entend beaucoup parler de cette ...solution. Mais une solution à quoi ? Nous pouvons voir d'un bon œil l'utilisation des énergies qui, en étant renouvelables - en principe ! - 'nous' préservent de l'épuisement des énergies fossiles. 

L’énergie pour quoi et pour qui? Entretien avec le MAB (Mouvement des Affectés par les Barrages, Brésil)

MABMABLe Brésil a le troisième plus haut potentiel de production d’énergie hydraulique au monde (10% du potentiel mondial) [1]. 30,9%  « seulement » de ce potentiel est exploité actuellement. La construction de plus de 400 barrages hydroélectriques existants (dont 156 grands) a déjà expulsé plus d’un million de personnes de leurs terres et de leurs maisons. Il est prévu de construire 90 nouvelles centrales hydroélectriques d’ici 2016, pour une capacité de production de 36 834 MW . Le Plan National de l’Energie prévoit une production d’hydroélectricité de 94 700 MW à l’horizon de 2030. Le Mouvement des Affectés par les Barrages (MAB), défend les droits des familles expulsées ou menacées, tout en posant la question du modèle de société. Nous avons rencontré Daiane et Rogério Hohn, responsables de la coordination du MAB de l’Etat du Pará, et Moises da Costa Ribeiro, responsable du MAB à Altamira, à Marabá (Pará), en juillet 2010. 

La certification des élevages de crevettes met en péril les mangroves

La certification est devenue un outil pervers dans les mains des grandes entreprises : elles l’utilisent comme un « label vert » pour imposer des systèmes de production intrinsèquement nuisibles, qui deviennent une menace pour des écosystèmes de grande valeur. C’est ce qui arrive à présent aux mangroves, des écosystèmes à forte diversité biologique.

Plusieurs ONG qui travaillent avec les populations locales des pays producteurs de crevettes et avec les consommateurs des pays importateurs de crevettes ont sonné l’alarme au sujet du dénommé WWF-ShAD (Dialogue sur l’aquaculture de la crevette, d’après l’anglais), dont les critères et le processus lui-même seraient criblés de défauts.

Ayant participé à un de ces « dialogues », ces ONG ont pu vérifier par elles-mêmes que le panorama est encore pire : le produit final prédéterminé – les critères pour la certification des crevettes d’élevage – sera obtenu en se passant de toute participation équitable des parties prenantes ou des usagers des ressources. En revanche, la plupart des présents à ces « dialogues » sont des représentants de l’industrie crevettière et des usagers des ressources locales. Depuis que le processus a démarré il y a trois ans, la grande majorité de ceux qui sont touchés par l’élevage de crevettes brillait par son absence. Ce manque de contribution de la population locale au « dialogue » rend fortement discutable l’intention de certifier cette activité, et contredit surtout les déclarations du WWF, qui dit que les critères en question répondent aux vœux des communautés locales.

La biodiversité est bien plus que du carbone

En plus de célébrer, en mai, le jour de la biodiversité, nous sommes aussi au seuil d’un autre évènement dans le cadre de la Convention sur le Climat. Il s’agit de la 34e réunion de deux organismes, le SBI et le SBSTA, qui ont pour rôle de conseiller et d’orienter la Convention. La réunion aura lieu à Bonn, en Allemagne, du 6 au 16 juin.

Climat et biodiversité sont, en fait, étroitement liés. Ce furent les conditions climatologiques qui favorisèrent la richesse de la biodiversité sur la planète, qui mit des millions d’années à atteindre son niveau actuel. La crise climatique et ses effets dévastateurs menacent la biodiversité et tendent à appauvrir profondément les écosystèmes actuels et leurs caractéristiques.

Amérique latine : Tensions entre extractivisme et redistribution des richesses

Par: 
Raúl Zibechi. Transription et traduction : Donatien Costa

Pobre este gobierno que no puede generar otro desarrolloPobre este gobierno que no puede generar otro desarrollo

Intervention de Raúl Zibechi, journaliste et écrivain uruguayen, dans le cadre du débat « Tensions entre extractivisme et redistribution dans les processus de changement en Amérique latine » au Forum Social des Amériques. Asunción, Paraguay, août 2010.

Je vais aborder quatre aspects relatifs au lien qui existe entre l’extractivisme et la redistribution, étant entendu que ce lien implique des relations de pouvoir.

Absence de débat sur le modèle

Une première tension est celle de l’absence de débat autour du modèle. D’une manière générale, les gouvernements ont admis et assumé que c’est le seul modèle viable et possible, nécessaire pour aller de l’avant. Et il n’y a pas de débat. Les gauches, nous nous sommes renforcées, les mouvements sociaux nous nous sommes consolidés dans notre trajectoire en discutant, en débâtant, en nous interpellant, en nous confrontant à nos problèmes. Il n’est pas nécessaire de rabaisser le niveau du débat, de fuir le débat, pour continuer d’être de gauche ou pour accorder un certain soutien aux gouvernements. 

Si nous ne discutons pas, si nous n’élevons pas la température des débats, nous continuerons à faire la même chose, à poursuivre avec un modèle qui a déjà un chemin tout tracé. Il serait acceptable si les gouvernements progressistes et de gauche rétorquaient en disant que « à la fin du mois, l’Etat doit payer les fonctionnaires, les maîtres d’école, les médecins, les infirmières, les militaires; assumer les obligations auxquelles est soumis tout Etat, au moins payer les salaires… Et pour cela, il a besoin de revenus». Mais ce ne sont pas leurs arguments.