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En France comme dans le monde, la "bataille du schiste" ne fait donc que commencer



Dans un article publié sur son site web vendredi 21 décembre, Le Monde revient longuement sur le dossier des gaz et pétrole de schiste en détaillant les réserves potentielles au niveau mondial. Explorant chaque continent, le journal passe en revue les principaux gisements et fait le point sur les différentes politiques suivies par les Etats concernés en matière d'exploration, d'exploitation et de législation.

Un article complet (le site Novethic.fr s'est d'ailleurs lui aussi livré cet exercice) qui coïncide avec une actualité brûlante en France sur le sujet et alors qu'un début de polémique au  sommet de l'Etat a débuté à l'occasion du voyage présidentiel en Algérie. En marge de celui-ci, Laurent Fabius qui accompagnait le Président de République, s'est laissé aller le 20 décembre à une confidence dont il ressort que la France et l’Algérie seraient sur le point de signer un accord pour l'exploitation du schiste algérien.





 

« Eau et Extractivisme » au FAME 2012 [FAL MAG]

Date de publication: 
Dimanche, 6 Mai, 2012
Par: 
Anna Bednik

 «Nous qui appartenons aux différentes luttes contre l’extractivisme […], originaires de nombreux pays du Sud et du Nord, nous nous reconnaissons comme faisant tous partie du même combat […] », [1] - ont déclaré, après deux jours d’ateliers et débats, les participants aux activités de l’axe thématique « Eau et Extractivisme » du FAME 2012. Argentins, Brésiliens, Chiliens, Colombiens, Equatoriens, Guatémaltèques, Mexicains, Péruviens, Pakistanais,… Allemands, Bulgares, Etats-uniens, Irlandais, Polonais, Turcs, Français…, - nous avons été nombreux à nous rassembler autour de ce thème.

Luttes contre l’extractivisme ? Le FAME 2012, avec un axe thématique dédié (6 ateliers et tables rondes) leur a fait la part belle, en assumant de désigner l’extractivisme comme tel, y compris ici en France, où cet emprunt au vocabulaire d’outre-Atlantique faisait surtout référence jusque-là à des combats et débats d’ailleurs. Dans les milieux universitaires et militants d’Amérique hispanophone [2], le terme «extractivisme », amplement utilisé, ne s’arrête généralement plus aux industries extractives au sens strict (mines et hydrocarbures). Il se rapporte, par extension et de façon beaucoup plus large, à l’accélération de toutes les activités d’exploitation des « ressources naturelles » à échelle industrielle (comprenant l’agro-industrie et jusqu’à la conception d’infrastructures facilitant les activités d’extraction). 

Comme de nombreux mots en «isme » - qui évoquent un courant de pensée, un paradigme, voire une idéologie -, « l’extractivisme » se réfère aussi à plusieurs niveaux de réalité qui font système. Il désigne la place centrale de l’extraction des «ressources naturelles » pour les économies exportatrices de matières premières.

Eau et Extractivisme au FAME: du Nord au Sud, un modèle, des luttes

Le Forum Alternatif Mondial de l'Eau (FAME) ouvrira ses portes à Marseille du 14 au 17 mars. "Eau et extractivisme" est l'un des axes thématiques des ateliers et débats du forum : http://www.fame2012.org/files/eauext.pdf 

Mines, puits de pétrole et de gaz, plantations ou élevages industriels, barrages hydroélectriques géants…,- tous les jours, de nouveaux territoires sont transformés en zones de sacrifice destinées à fournir matières premières et énergie. L’exploitation à grande échelle de la nature et de ses « ressources » s’accélère de façon exponentielle dans les pays du « Sud », enfermés dans ce « rôle » depuis l’époque des colonies. Bouleversements sociaux et transformations culturelles inévitables, altérations souvent irréversibles des écosystèmes, pollutions aux effets dévastateurs pour la santé, - les impacts des industries extractives sont connus et dénoncés. Au Nord aussi, la prédation avance : la récente avalanche de projets d’exploitation d’hydrocarbures dans les pays occidentaux montre bien que, même si les contextes diffèrent, aucun territoire n’est définitivement épargné. Partout, au Sud, comme au Nord, éclatent des conflits entre populations victimes ou menacées, entreprises et pouvoirs publics. Dans de nombreux endroits de la planète, s’organisent des résistances, se structurent des mobilisations et naissent des mouvements populaires qui s’opposent aux « mégaprojets » d’exploitation de la nature.

« L’eau vaut plus que l’or », - proclament les graffitis sur les murs des villes et villages d’Argentine, du Pérou, de Colombie… et d’ailleurs, « Boire ou conduire, il faut choisir », - scandent les militants anti-gaz de schiste français. L’eau, qui « n’a pas de prix », est, presque toujours, au centre de ces combats. Continuellement, l’accès à l’eau, sa disponibilité ou sa qualité se voient directement menacés. Chaque industrie a son « livre noir». Les mines à ciel ouvert polluent les cours d’eau et les aquifères (produits toxiques et métaux lourds provenant de drainages acides), dégradent les zones de recharge hydrique, détériorent les glaciers et le permafrost. Dans des régions déjà victimes de stress hydrique, des millions de litres d’eau sont utilisés quotidiennement pour les activités minières au détriment des besoins des populations. L’extraction d’hydrocarbures de schiste requiert aussi d’énormes quantités d’eau. Chaque opération de fracturation hydraulique consiste à injecter dans le sous-sol entre 10 et 20 millions de litres d’eau, mélangée à du sable et des adjuvants chimiques, dont une partie seulement remonte à la surface et dont le retraitement pose de sérieuses questions. L’exploitation pétrolière a un lourd passif : pollutions de l’eau douce et de l’eau de mer, accidentelles (marées noires) ou systématiques (delta du Niger, Amazonie équatorienne ou péruvienne…) qui provoquent de véritables tragédies environnementales, sanitaires et humaines. Les grands barrages hydroélectriques sont à l’origine de la disparition des poissons de nombreux fleuves, ce qui équivaut à la destruction des économies locales basées sur la pêche. La liste est longue… 

Le terme « extractivisme » nous vient de l’Amérique hispanophone*.

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L’état d’urgence, bienvenue en démocrature !

Date de publication: 
Lundi, 30 Novembre, 2015
Par: 
Collectifs

LA GUERRE C’EST LA PAIX
LA LIBERTÉ C’EST L’ESCLAVAGE
L’IGNORANCE C’EST LA FORCE
(Slogans du parti unique dans 1984 de George Orwell)

La COP 21 s’est ouverte aujourd’hui. Depuis plusieurs mois, une grande marche internationale et populaire était en préparation à Paris, ville qui l’accueille. Elle n’a pas eu lieu, comme n’auront pas lieu d’autres initiatives citoyennes prévues à cette occasion, et surtout celles dont on pouvait espérer qu’elles fassent vaciller le rapport des forces. Seuls, les « grands » de ce monde, enfermés dans leur bunker et jalousement gardés par l’armée et la police [1], disserteront, au chevet de la planète, de la nature et des coûts des palliatifs à lui administrer. On aurait difficilement pu imaginer un scénario plus cynique, qui placerait aussi indiscutablement les acteurs autorisés – les représentants des États et les entreprises – en position de dicter LEURS « solutions ».

L’État français a instrumentalisé le contexte tragique des attentats du 13 novembre. La France a notifié au Conseil de l’Europe qu’elle allait déroger à la convention européenne des droits de l’homme [2]. Ces derniers jours, au moins 24 assignations à résidence ont visé non pas des terroristes agissant pour le compte de Daesh, mais des  militant(e)s des mouvements sociaux catalogués par les médias et le pouvoir comme étant de « l’ultragauche », « proches des milieux zadistes », des « mouvances écologistes radicales » et anarchistes [3]. L’état d’urgence, dont la prolongation a été votée par la quasi-totalité des députés (« de gauche » et « écologistes » compris) permet aux forces de l’ordre de perquisitionner sans passer par l’autorité judiciaire [4], de défoncer les portes, de violer l’intimité, d’agresser et de traumatiser des personnes (même des enfants), qui n’ont strictement aucun lien avec les attentats perpétrés à Paris (maraîchers bio, squatteurs, membres de la Coalition Climat 21, etc.)[5]. Après le choc des attentats, la plupart des gens préfèrent regarder ailleurs, excusant - quand ils ne les cautionnent pas - les abus des autorités au nom de la sécurité et de la peur. La machine infernale est en marche. Rapidement, l’état d’urgence - l’état d’exception - se normalise, l’exception devient la norme. Les sondages affichent un large soutien à la politique guerrière du gouvernement, pendant que celle-ci favorise, en réalité, la montée d’un nationalisme excluant, xénophobe, liberticide (les régions PACA et Nord-Pas-de-Calais-Picardie bientôt aux mains du FN ?). Ce processus, si ordinaire – matchs de foot maintenus, marchés de Noël ouverts, « le spectacle doit continuer » et « on n’arrête pas les affaires » [6] – n’est pas sans rappeler d’autres moments de l’histoire où des pays entiers ont glissé dans le totalitarisme en silence.