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Le BAPE a pu mettre le nez dans le dossier de l’exploitation des gaz de schiste. Voilà une majestueuse démonstration, venue tardivement mais tout de même, des possibilités qu’offre le système démocratique auquel nous prenons part. À partir de maintenant, nos dirigeants devront appliquer les précautions suggérées. Cela durera-t-il à long terme ? Les projets futurs jouiront-ils des apprentissages de ce fameux dossier ?
De grandes avancées ont été faites. Au niveau humain, la population a su s’organiser afin qu’on l’entende. Au niveau environnemental, celui-ci déjà tant préconisé, le ministère du développement durable verra à protéger les écosystèmes. L’impasse est derrière. Les avancements se feront en terrain boiteux ; l’important sera de tout noter au passage.
Plusieurs projets ayant préalablement avortés ; aurons-nous saisi ? Ces chérubins énergétiques comme les centrales nucléaires et l’exploitation du potentiel énergétique du vent via les éoliennes nous avaient pourtant mis en garde. Déjà sur toutes les lèvres le développement durable encourageait au comportement responsable. (Jusqu’aux multiples offres de subventions gouvernementales visant les produits dits à consommation réduite) La population entière connait dorénavant les enjeux, le gouvernement aurait dû saisir l’ampleur du maniement brillant de la part de l’industrie. Le feu s’est propagé aux poudres ; elles étaient bien répandues. Les vingt dernières années auraient dû suffire à préparer nos dirigeants à une trop alléchante proposition qui allait venir inévitablement.
Dorénavant, suivant les grands axes étudiés par le BAPE, le Québec cultivera-t-il le modèle de la précarité amené par l’obligation du développement durable ? La réglementation nouvelle devra inévitablement faire surgir les dossiers touchant l’usage de l’eau, la qualité de l’air, les risques naturels et technologiques nouvelles, le milieu humain, l’économie, la cohabitation harmonieuse et l’encadrement des industries émergentes. Toutes ces suggestions du BAPE qui éclairent un avenir résolument plus vert.
Une réflexion en profondeur s’avère essentielle en cette étape d’un tournant énergétique majeur au Québec : voyons-y.
Certaines recommandations intéressantes
• Le versement de compensations pour les inconvénients subis par les communautés;
• L’implication des instances municipales dans le processus décisionnel;
• Les mesures pour favoriser l’acceptabilité sociale des projets;
• Et le rôle central que devrait conserver le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs dans la délivrance des autorisations pour les activités d’exploration et d’exploitation.
Ce billet a été écrit dans le cadre d’un travail d’équipe pour le cours RED2301 – Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l’Université de Montréal à la session d’hiver 2011.
par Jonathan-Simon Sellem le Apr 1st, 2011 – JSSNews
Avec la deuxième plus grande réserve au monde, certains croient que c’est fort possible.
Le plus amusant dans cette histoire et cette vieille blague juive qui n’a, aujourd’hui, plus aucun sens.
« Permettez-moi de vous dire quelque chose que nous, les Israéliens, avons contre Moïse. Il nous a fait marcher dans le désert pendant 40 ans afin de nous amener dans le seul endroit de tout le Moyen-Orient où il n’y a pas une goutte de pétrole ! »
Cette blague a été rendue célèbre par Golda Meir, ancien premier ministre d’Israël, et depuis de nombreuses années, sa pertinence l’a rendue particulièrement populaire. Elle tient une grande part de vérité. Le manque de pétrole et de gaz naturel est considéré comme l’une des principales raisons de l’isolement d’Israël… Mais c’est aussi ce qui fait qu’Israël est un leader scientifique, technologique, et énergétique !
Mais avec les récentes découvertes du puits de pétrole de Tamar et des réserves de gaz naturel au large du Leviathan dans les eaux israéliennes, l’État Juif a un avenir radieux en tant que pays indépendant de l’énergie. Alors pourquoi s’arrêter là ? Certains croient qu’Israël pourrait devenir l’un des principaux producteurs mondiaux de pétrole. Israël, un leader de l’OPEP ? Devant l’Iran et l’Irak ?
Tel est le plan de Harold Vinegar et de ses collègues. Le docteur Vinegar est le chef scientifique de la compagnie pétrolière hollandaise Royal Shell. Et c’est lui qui est aujourd’hui le directeur scientifique de l’Israël Energy Initiatives (IEI). Et c’est toujours lui qui estime que les réserves d’Israël en pétrole pourraient être plus qu’énormes !
L’IEI travaille sur un projet ambitieux d’extraction de pétrole et de gaz naturel à partir de schistes bitumineux, dans une zone de 238 kilomètres carrés au large du bassin Shfela, au sud-ouest de Jérusalem.
Comme le prix du pétrole augmente à vu d’oeil, les schistes bitumineux ont attiré l’attention en tant que source d’énergie, et comme un moyen utile d’assurer l’indépendance énergétique nationale. Toutefois, l’extraction du schiste bitumineux soulève un certain nombre de préoccupations environnementales parce qu’elle nécessite une très grosse utilisation d’eau et rejète dans l’air énormément de gaz à effet de serre.
Le bassin de Shfela
La Chine a une industrie pétrolière bien établie à base schiste et le Brésil, l’Allemagne et la Russie utilisent autant que faire ce peut les schistes bitumineux.
Les revendications de l’IEI sont simples : « nos techniques seront plus propres que celles utilisées actuellement parce que le pétrole sera séparée de la roche de schiste à 300 mètres sous le sol. Cela nous permet de grandement réduire la quantité d’eau consommée ».
Selon le Dr Vinegar, Israël a le deuxième plus grand gisement de schistes bitumineux au monde, en dehors des États-Unis. « Nous estimons qu’il y a l’équivalent de 250 milliards de barils de pétrole. Pour mettre cela dans le contexte, il existe des réserves prouvées de 260 milliards de barils de pétrole en Arabie saoudite. »
Une fois opérationnel, l’IEI estime que le coût de la production d’huile de schiste se situe entre 34 et 40 dollars le baril. Il serait ainsi comparable au prix actuel de 30-40 dollars le baril pour les champs pétrolifères en eau profonde et moins cher que le pétrole tiré du désert ou du brut canadien de l’Arctique.
Les attentes de Tamar et Leviathan ont déjà donné à Israël une attitude très positive. Si les prévisions de l’IEI deviennent réalité, Israël deviendra l’un des pays les plus riches du monde… Et, dés lors, il n’est aucun doute que, de manière très étrange, tous les problèmes diplomatiques disparaitront ! Tiens tiens…
Le collectif Provence (13) vient d’envoyer un courrier aux communes concernées par la demande de permis d’exploration sur les gaz de schiste.
Il se peut que des communes aient échappées à notre vigilance. Signalez-le nous.
Nous recherchons des référents qui appuient notre démarche dans leur commune, organise des réunions publiques afin de sensibiliser la population (les gens ne semble pas être au courant et ce ne sont pas les médias locaux qui vont faire ce travail ! – en tout jusqu’à présent on peut compter le peu d’articles parus).
Dans ce courrier, nous invitons les maires et/ou leur délégué à l’environnement
• à la projection du film Gasland, le 7 avril au cinéma Les Arcades – Salon-de-Provence, 20 h 30,
• à informer leurs administrés sur l’exploitation des gaz de schiste et d’aider à la tenue de réunions publiques ;
• à s’opposer à ce projet et de rendre un avis à l’encontre de son exploration et exploitation ;
• d’établir avec l’autorité compétente un point zéro sur la qualité des nappes phréatiques de leur commune afin de responsabiliser les futurs explorateurs et exploitants.
Un modèle est consultable ici (la version A4 est téléchargeable plus bas) :
Le courrier est à téléchargé ici.
Liste des communes contactées (périmètre concession Provence 13) :
Commune Référent Alleins Aureille Berre-l’Etang Coudoux Oui Eguilles Eygalières Eyguières Fos-sur-Mer Gignac-la-Nerthe Grans Istres La Fare-les-Oliviers La Roque-d’Anthèron Lambesc Lançon-Provence Le Puy-Sainte-Réparade Mallemort Marignane Martigues Maussane-les-Alpilles Miramas Mollégès Mouriès Orgon Pélissanne Plan-d’Orgon Porc-de-Bouc Rognac Rognes Saint Cannat Saint-Chamas Saint-Martin-de-Crau Saint-Rémy-de-Provence Salon-de-Provence Sénas Oui Velaux Ventabren Oui VitrollesPLUSIEURS PUITS D’HYDROCARBURES DE SCHISTE SONT DéJà EXPLOITéS EN ILE-DE-FRANCE (ROSE FONCé). EN GRIS, LES DEMANDES DE PERMIS DE RECHERCHE. HYDROCARBURES DE SCHISTE : LA QUESTION SE POSE DANS LES YVELINES ; INTERVIEWS DE JEAN-PAUL HUCHON, MARIE-DOMINIQUE AESCHLIMANN ET SEBASTIEN NOMADE.
Alternative au gaz conventionnel ? Nouvelle attaque contre l’environnement ? Focus sur les hydrocarbures de schiste qui créent la polémique. – Anna DEMONTIS (Yvelines Radio).
Face à la polémique naissante autour des hydrocarbures de schiste en Ile-de-France, Yvelines Radio a voulu en savoir plus. Qu’est-ce que cette énergie méconnue ? Quels sont les enjeux pour la région ? La réponse dans le Podcast avec Bertrand Pucheu, Alicia Lévêque et Anna Demontis !
Pour les plus curieux, une réunion publique se tiendra sur le sujet le jeudi 7 avril, dans la salle Jacques Brel de Mantes la Ville, à partir de 20h30. Elle sera suivie de la projection de Gasland, documentaire de Josh Fox sur la fracturation hydraulique. Interviewé(e)(s) : SéBASTIEN NOMADE, CHERCHEUR AU LABORATOIRE DES SCIENCES DU CLIMAT ET DE L’ENVIRONNEMENT ; MARIE-DOMINIQUE AESCHLIMANN, MEMBRE DE LA LISTE D’OPPOSITION DU CONSEIL RéGIONAL D’ILE-DE-FRANCE ; JEAN-PAUL HUCHON, PRéSIDENT DU CONSEIL RéGIONAL D’ILE-DE-FRANCE.
Par Maxime Combes, 31 mars 2011, in Basta!
Christian Jacob, patron des députés UMP, s’est il y a peu exprimé très clairement contre toute exploitation des gaz de schiste en France en demandant à ce que le moratoire annoncé soit « prolongé ad vitam aeternam ». Trois mois à peine après les premières réunions, interpellations, prises de position et manifestations publiques, l’opposition aux gaz de schiste a gagné toutes les familles politiques.
Les techniques de fracturation hydraulique nécessaires à leur exploration et exploitation semblent susciter un rejet unanime en raison des diverses pollutions de l’eau, de l’air et de sols qu’elles produisent. Pourtant, un « moratoire ad vitam aeternam », qui revient à rendre caducs les permis accordés en catimini, est loin d’être acquis.
Tout d’abord, il n’y a pas à proprement parlé de moratoire. Un moratoire exige une décision écrite. Pour l’instant, ce ne sont que par des déclarations orales que François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson se sont engagés à ce qu’il n’y ait pas de forage. Ces engagements ont d’ailleurs une date de péremption. Le 31 mai, jour annoncé de la remise d’un rapport d’étude des « risques » qu’ils ont confié à leurs propres administrations. D’un gouvernement responsable et conséquent, on aurait pu espérer que cette étude soit réalisée par un organisme totalement indépendant.
Ce n’est pas le cas puisque ce sont ces mêmes administrations qui ont donné leur aval aux permis délivrés. On aurait pu espérer que cette étude soit réalisée avant la délivrance des permis. Ce n’est pas le cas, ces derniers ayant été délivrés en mars et avril 2010 pour les gaz de schiste et dès 2008 et 2009 pour le pétrole de schiste. On aurait pu espérer qu’elle soit antérieure à toute utilisation, sur le territoire français, de techniques de fracturation hydraulique qui sont aujourd’hui mises à l’index.
Ce n’est pas le cas non plus. Médiapart a révélé que des fracturations hydrauliques avaient déjà eu lieu sur la commune de Franquevielle (Haute-Garonne), en mars et en avril 2007, ainsi qu’a minima sur deux puits en Seine-et-Marne. En plus d’être tardif et limité dans le temps, ce pseudo-moratoire est à géométrie variable. A la recherche de pétrole de schiste en Seine-et-Marne, les compagnies Toreador et Hess ne cachent pas vouloir reprendre leurs travaux de forage dès le 15 avril, date où la mission d’études rendra un rapport intermédiaire.
Pourtant, extraire les pétroles de schiste nécessite les mêmes techniques de fracturation hydraulique que les gaz de schiste. A quelques dizaines de kilomètres de Paris, on s’apprête à jouer à pile ou face avec l’eau potable de 10 millions d’habitants. Christian Jacob, député de la 4ème circonscription de Seine-et-Marne, concerné directement par le pétrole de schiste, ne parle que de gaz de schiste. Pourquoi ?
Selon l’Institut français des pétroles (IFP), 60 à 100 milliards de barils de pétrole, soit l’équivalent de 70 à 120 années de production du Koweït, dormiraient sous le sol parisien. De quoi attiser les convoitises. Au point d’essayer de troquer un moratoire sur les gaz de schiste des trop rebelles Ardèche, Cévennes et Larzac contre une paisible exploitation de l’or noir du bassin parisien ? On n’ose l’imaginer.
Un gouvernement responsable et conséquent, alerté des risques pour l’environnement et la santé causés par l’utilisation de la fracturation hydraulique n’aurait pourtant pas d’autres solutions que de décréter un « moratoire ad vitam aeternam » sur toute exploitation d’énergies fossiles nécessitant l’emploi de ces techniques. Ne se limitant pas annuler les permis délivrés dans l’hexagone, il interviendrait auprès de l’Union Européenne pour qu’il en soit ainsi dans tous les pays européens, à commencer par la Pologne, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Convaincu par ses choix, un tel gouvernement interdirait l’importation de gaz ou de pétrole issu de tels procédés. De fait, il ouvrirait ainsi un immense débat citoyen sur l’avenir énergétique de notre société, un débat sans tabou nucléaire ni a priori croissantiste. Chiche…
Maxime Combes, membre de l’Aitec et engagé dans le projet Echo des Alternatives.
Les membres du collectif citoyen « non au gaz de schiste » veulent « tourner la page ». Le président de l’association Quercy Blanc environnement assure qu’il ne souhaite pas polémiquer. La fissure dans le bloc des opposants aux forages qui était apparue au moment du rassemblement organisée à l’initiative de l’association de Charles Farreny sur le pont Valentré à Cahors, serait en passe d’être colmatée. Chacun se défend de vouloir s’accaparer le mouvement qui prend de plus en plus d’ampleur et s’enracine sur le territoire lotois. La manifestation programmée le 17 avril à Cahors doit réunir l’ensemble des associations qui militent dans ce combat. Le collectif et l’association Quercy Blanc qui n’échangent pour l’heure que des e-mails se retrouveront enfin sur le terrain.
Il faut savoir que le 15 avril, l’étude de rentabilité des forages sera transmise au ministère et que fin mai l’exploration en fonction des résultats pourrait reprendre en France, sur des terrains dans la région parisienne. Pour les opposants lotois, il n’est donc que temps de mettre la pression et de faire remonter leur détermination par les élus locaux.
Ils veulent aussi s’appuyer sur l’expertise de spécialistes. Bernard Collot, membre du collectif citoyen lotois est un de ceux-là. Ancien géologue pétrolier devenu analyste financier il reconnaît avoir découvert le problème dans le Lot il y a six semaines en lisant un article de La Dépêche : Depuis je m’investis, je participe aux réunions d’information car je sais ce que donne une exploration de gaz de schiste comme celles qui couvrent une partie des États-Unis. C’est un à quatre puits tous les kilomètres et un seul puits peut représenter un carré de 120 m ou 220 m de côté. L’étude d’impact aux USA comporte 150 pages de risques listés ».
Dans les rangs de Quercy Blanc environnement comme au collectif du « non au gaz de schiste » cet enjeu n’échappe à personne. Le reste est affaire de stratégie entre initiatives locales et action concertée. « Il faut se respecter », maintient Charles Farreny.
Charles FarrenyPrésident de Quercy Blanc environnement
Le rassemblement « anti gaz de schiste » du 26 mars sur le pont Valentré auquel étaient conviés les habitants du Quercy Blanc, a réuni un millier de personnes parmi lesquelles de nombreux maires et conseillers généraux, ainsi que les députés et le sénateur du Lot. La dynamique observée depuis plusieurs semaines à Montcuq, Castelnau-Montratier, Lauzerte a porté ses fruits. Initiative locale, librement décidée, celle-ci ne contredit en rien l’opportunité d’une grande manifestation départementale le 17 avril à laquelle nous souscrivons totalement. la mobilisation est plus que jamais nécessaire dans la diversité associative car l’unité se conjugue au pluriel Quercy Blanc environnement existe depuis longtemps. Dans la bataille contre la THT entre 1990 et 2003, nous avons appris la patience et la persévérance. Les e-mails envoyés la veille de notre rassemblement, les quolibets n’ont pas été compris par nos adhérents. Pas de procès en sorcellerie, nous ne sommes pas en concurrence. Le rassemblement à Cahors était une manière de rendre visible la mobilisation du Quercy Blanc. Il ne fallait pas attendre.
William RoigMembre du collectif citoyen lotois Non au gaz de schiste
Le collectif citoyen lotois Non au gaz de schiste est né en janvier. Ses membres viennent du réseau Sortir du nucléaire, de « Lot en action » des Amis de la Terre. Nous avons des syndicats, des partis politiques même si le mouvement est apolitique, ainsi que des experts de haut niveau comme Bernard Collot, un ancien géologue pétrolier. Nous étions 450 lors de notre première réunion d’information. Le collectif est organisé mais pas hiérarchisé. Lorsque Quercy Blanc environnement a organisé son rassemblement à Cahors, samedi dernier, notre collectif se réunissait à Labastide-Murat. On ne souhaite pas polémiquer avec Quercy Blanc, si Charles Farreny fait bouger les choses dans son coin c’est tant mieux. On a décidé de tourner la page. Des Anglais font aussi un travail phénoménal et s’impliquent. On voudrait tirer avantage de ce potentiel pour fédérer le mouvement. Le 17 avril à Cahors, c’est-à-dire au lendemain du rassemblement national contre le gaz de schiste, il y aura une grande manifestation départementale, place de Gaulle à 15 heures. Tout le monde est invité.
Publié par Fondation France Libertés, 31/03/2011, in Le Post
Quand NKM dit que l’exploitation du gaz de schiste freine le nucléaire aux états unis, France Libertés s’inquiète !
Le 29 mars 2011, un débat sur les conséquences environnementales de l’exploitation des huiles et gaz de schiste en France à l’initiative de la députée du Front de Gauche Martine Billard s’est déroulé à l’Assemblée Nationale. France Libertés, dans sa volonté de prendre part à la mobilisation contre les huiles et gaz de schiste était présente à cette séance publique.
Lors de ce débat, de nombreux bords politiques étaient représentés : de l’UMP au Front de gauche en passant par le PS, le Nouveau Centre et les Verts. Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l’environnement et Serge Grouard, président de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire étaient également présents.
Après plus d’une heure de débat et de nombreuses interventions, plusieurs remarques sont à faire:
Si, sur les députés présents, certains sont restés plus modérés que d’autres, la majorité a exprimé son mécontentement face aux permis d’exploration délivrés et a demandé à la Ministre d’interdire aussi bien l’exploration des huiles et du gaz de schiste sur le territoire national.
Pollution de l’eau et de l’air, contamination de l’eau et des nappes phréatiques, atteinte à divers paysages (Dordogne, Larzac…), bruit pour les habitants riverains, échec économique, mort des énergies renouvelables… Les raisons invoquées sont diverses d’autant plus que ce projet va à l’encontre des engagements pris par le gouvernement dans le Grenelle de l’environnement et ne permettra pas de satisfaire les objectifs de diminution de l’effet de serre.
Au-delà des problèmes liés à l’exploration et à l’exploitation des gaz des schistes, tous les députés sans exception ont dénoncé l’opacité dans laquelle les permis ont été délivrés. En effet, aucune consultation du public et très peu d’information des citoyens et des élus locaux n’ont été faite sur l’octroi des permis d’exploration dont l’autorisation faite « en catimini » est à juste titre contestée aujourd’hui.
Certains députés comme Yves Cochet (Europe Ecologie Les Verts) ont dénoncé l’infraction à la convention d’Aarhus qui porte sur l’information et la participation du public au processus décisionnel et à l’accès à la justice en matière d’environnement. C’est pourquoi, les députés présents ont demandé l’organisation d’un débat national sur le gaz de schiste ainsi qu’une révision du code minier qui ne prévoit actuellement pas de consultation du public.
Ce projet de plus en plus préoccupant est donc un sujet politique à part entière qui rassemble. En effet : certains élus de droite et gauche semblent unis pour dire non aux gaz de schiste, au-delà des clivages idéologiques habituels. Le PS a lancé la semaine dernière un projet de loi pour « interdire l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels ». Ce projet, qui sera examiné le 12 mai prochain pourrait, s’il recueille assez de voix, permettra de faire un pas de géant contre le gaz de schiste.
Ces nombreuses raisons nous laissent à penser que la situation peut évoluer et que la forte mobilisation des citoyens autant que des élus pourrait porter ces fruits sur cette question sensible.
Cependant, lors de ce débat, François Michel Gonnot, député UMP de l’Oise, en charge avec Philippe Martin, député PS du Gers, de la mission censée éclairer le gouvernement sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des hydrocarbures de roche-mère (gaz et huiles de schiste), s’est positionné en faveur de l’exploration et de l’exploitation des huiles et gaz de schiste.
Ses principaux arguments étant que les techniques polluantes, comme la fracturation, sont utilisées depuis plus de 40 ans en France pour la géothermie. Il a de plus invoqué les intérêts économiques et énergétiques français pour démontrer l’utilité de l’exploration. Cette prise de position soulève un manque de neutralité qui pourrait nuire au bon déroulement de la mission et aux conclusions du rapport final. Il est donc important de rester vigilant sur l’objectivité et la transparence de cette mission.
La position du gouvernement quant à elle, a été largement exprimée par Nathalie Kosciusko-Morizet pour clôturer le débat.
La position du ministère de l’écologie reste attentiste tant que la mission d’information est en cours. La ministre souhaite que toutes les questions soient posées et que toutes les pistes soient explorées d’ici juin en interrogeant aussi bien les industriels que les citoyens et les élus. Pour NKM, le débat n’est ni « clôt » ni « cristallisé » tant que toutes les possibilités n’ont pas été analysées.
Néanmoins, la Ministre a affirmé vouloir réformer le code minier trop ancien et insuffisant, en y intégrant l’obligation d’une « consultation du public ». De plus, la Ministre a assuré qu’il était « hors de question d’avoir recours aux moyens de procédés d’extraction qui auraient une incidence écologique désastreuse» soit à la technique de fracturation, comme cela a été fait au Canada et aux Etats-Unis. Cependant, aucune autre technique n’existe à ce jour.
Ce débat a donc permis aux députés, quelque soit leur couleur politique de plaider en faveur de l’arrêt de l’exploitation et de l’exploration des huiles et du gaz de schiste tout en dénonçant les conditions et le manque de transparence dans lequel ont été délivrés les permis.
La position du gouvernement a tendance à soutenir les industriels tout en n’écartant aucune piste, la déclaration de NKM laisse entrevoir une issue négative avec notamment l’extrait ci-dessous de sa déclaration : Dès à présent, les gaz non conventionnels représentent plus de 50 % de la production gazière américaine et freinent le redémarrage du nucléaire dans ce pays. Certains d’entre vous s’en féliciteront ; d’autres s’en désoleront. Vous l’avez d’ailleurs déjà fait dans certaines de vos interventions.
Il ne faut surtout pas que l’on puisse se servir du gaz de schiste contre le nucléaire et inversement.
L’exploitation du gaz de schiste freine surtout le développement des énergies renouvelable. Il nous faut donc nous battre contre le gaz de schiste et contre le nucléaire en même temps.
La vigilance est de mise.
Emmanuel POILANE, Directeur de France Libertés
www.france-libertes.fr
Nouvel Eldorado énergétique ou catastrophe environnementale ? L’exploitation des gaz de schiste fait débat. Est-ce un sujet qui vous préoccupe ?
http://www.linternaute.com/actualite/questionnaire/fiche/14910/d/f/1/
Avant d’évaluer les perspectives de production de gaz de schiste sur notre territoire, j’insiste une fois de plus sur la différence entre les ressources, c’est-à-dire la quantité estimée présente sous nos pieds, et la quantité réellement récupérable (les réserves).
Sur le blog de Benoît Thévard
J’ai créé ce blog afin qu’il soit un espace d’échange et de partage sur la préparation de cet avenir sans pétrole.
Vous y trouverez mes reflexions et mes travaux sur le sujet, des liens et des ouvrages qui peuvent nous apporter un éclairage.
Je vous invite à participer à ces échanges, à commenter, à diffuser sans modération.
CONFERENCES
La transition des collectivités locales passe avant tout par une sensibilisation de la population.
N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez mon intervention dans votre commune sur les thèmes du pic pétrolier, de l’énergie en général et de la résilience.
Nicole Bricq (Sénatrice de Seine-et-Marne- PS), Didier Guillaume (Sénateur de la Drôme- PS) et Michel Teston (Sénateur de l’Ardèche-PS) ont décidé de déposer une proposition de loi visant à interdire l’exploration et l’exploitation des gaz et huiles de schistes sur le territoire national. Elle sera cosignée par tous les membres du Groupe Socialiste du Sénat.
À l’instar de leurs collègues députés, les sénateurs socialistes souhaitent dénoncer « l’opacité qui a entouré les procédures d’attribution des permis de recherche de gaz et huile non conventionnels » ainsi que l’absence de procédure de ratification par le Parlement de l’ordonnance du 20 janvier 2011 portant codification de la partie législative du code minier qui selon eux « encourage cette opacité ».
Ils proposent d’interdire l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures de schiste et souhaitent soumettre les futures délivrances de permis de recherche et de concessions d’hydrocarbures aux engagements des Grenelles de l’environnement, et des conventions internationales dont la France est signataire.
par Sandrine Bélier, sur son blog
Conférence du groupe des Verts européens à Poznan le 4 mars 2011
« L’Europe en transformation », c’est le titre de la conférence organisée par le groupe des Verts européens qui s’ouvre aujourd’hui à Poznan, Pologne (qui prendra la présidence du Conseil de l’UE au second semestre 2011).
La conférence a pour objectif d’étudier les défis auxquels l’UE devra faire face dans les années à venir. Elle sera l’occasion d’aborder les avancées dans les nouveaux Etats membres et dans les Etats voisins de l’UE, l’avenir de la politique énergétique européenne et les répercussions que peuvent avoir les révolutions dans le monde arabe sur l’UE.
Vendredi après-midi, une table-ronde sera consacrée à l’énergie sous la co-présidence de Rebecca Harms (co-présidente du groupe des Verts européens) et Sandrine Bélier (eurodéputée Europe Ecologie-Les Verts).
La Pologne (qui prévoit 30 à 40 forages tests sur son territoire), tout comme la France, mise sur le développement des gaz de schiste pour assurer son indépendance énergétique. C’est à la demande de ces deux Etats que le Conseil Energie du 28 février dernier a appelé à évaluer le potentiel de l’Union Européenne en matière d’extraction et d’utilisation de ressources de gaz et pétrole de schiste.
La Présidence polonaise pourrait être déterminante sur l’orientation qui sera donnée à la future politique européenne en matière d’énergie. C’est pourquoi, dès aujourd’hui, avec les écologistes européens et polonais, il nous appartient de convaincre de miser sur le développement des énergies renouvelables tout en concentrant nos efforts sur la recherche d’une meilleure efficacité et sobriété énergétique, plutôt que de chercher des substituts particulièrement impactant sur la nature, le climat et la santé que constitue notamment l’exploitation des gaz de schiste au niveau européen. Ce sera l’objet de nos débats demain après-midi.
Le combat et la mobilisation citoyenne en France contre l’exploitation des gaz de schistes est aussi un combat et une mobilisation que nous devons mener à l’échelle européenne. Car même si en France nous obtenions, grâce aux différentes mobilisations, l’abandon du développement des gaz de schiste, si ce choix énergétique devait être retenu au niveau européen lors de la Présidence Polonaise, la menace serait toujours bel et bien présente.
Demande de permis d’exploration de Brignoles
Demande de permis d’exploration de Provence
http://gazdeschistesprovence.wordpress.com/2011/03/01/la-concession-gargasprovence/
par Total
Des gisements spécifiquesLes gaz non conventionnels sont piégés dans des gisements atypiques de par leur localisation et leurs caractéristiques géologiques. Leur production exige le recours à des techniques adaptées pour les libérer.
L’appellation « gaz non conventionnels » recouvre principalement trois types de ressources gazières : le gaz de schiste (ou shale gas), le tight gas et le gaz de charbon (ou coal bed methane) Ce n’est pas leur nature chimique qui les distingue du gaz « conventionnel » (il s’agit dans tous les cas de gaz naturel), mais les caractéristiques géologiques de la roche qui les contient.
Gaz de schiste et tight gas : le défi de la perméabilitéDans le sous-sol, les hydrocarbures (gaz, mais aussi pétrole) sont piégés dans des roches dites « réservoir ». Malgré cette appellation, il ne s’agit pas de vastes poches continues, mais de minuscules pores entre les grains qui forment la matrice de cette roche.
La qualité d’une roche réservoir est caractérisée par sa porosité et sa perméabilité.
La porosité représente l’espace entre les grains, et donc sa capacité à stocker un hydrocarbure, liquide ou gazeux. Un réservoir très poreux pourra donc receler un gros volume de pétrole ou de gaz. Mais cela ne suffit pas. Encore faut-il qu’il laisse ces fluides circuler, autrement dit que les pores soient connectés entre eux. C’est la perméabilité qui mesure cette aptitude de la roche à se laisser traverser par le gaz ou le pétrole.
Les gaz de schiste (ou shale gas) et les tight gas ont en commun d’être piégés dans des roches de très faibles perméabilités. Des roches ultra-compactes qui interdisent, ou limitent très fortement, la circulation du gaz.
La perméabilité, qui s’exprime en Darcy, est l’un des paramètres marquant la frontière entre réservoirs « conventionnels » et « non conventionnels ». Elle peut atteindre 1 Darcy, voire plus, dans un piège à hydrocarbures classique de bonne qualité, et chute à quelques dizaines de microDarcy dans les réservoirs de tight gas, plus compacts qu’une brique. Dans le cas des gaz de schiste, elle s’effondre encore, se réduisant à des valeurs mille fois plus faibles que dans les tight gas. Elle se mesure alors en nanoDarcy.
La roche mère est la couche géologique où se forment pétrole et gaz. Elle est issue de sédiments, riches en matière organique, déposés sur les fonds océaniques ou dans des lacs et qui se sont enfoncés dans le sol au fur et à mesure que d’autres sédiments les recouvraient. Au fil de cet enfouissement, les sédiments se solidifient, et la matière organique se décompose en hydrocarbures. Ces derniers sont progressivement expulsés de la roche mère, et migrent, pour l’essentiel, jusqu’en surface. Certains hydrocarbures sont arrêtés dans leur remontée par un obstacle de roches infranchissables. Ils s’accumulent sous ce « toit » et forment au fil du temps un réservoir pétrolier, cible conventionnelle de l’exploitation pétrolière et gazière.
Dans le cas des gaz de schiste, tout ou partie du gaz issu de la décomposition de la matière organique est resté sur place. Les roches mères candidates à l’exploitation de leur gaz sont donc celles dont la maturité est suffisante pour le générer mais qui ne l’ont pas encore entièrement expulsé.
Du gaz dans les filons de charbonLe gaz de charbon est, comme son nom l’indique, emprisonné dans les gisements de charbon. La plus grande partie du gaz est adsorbée sur la surface du charbon. Excellent « stockeur » de gaz, le charbon peut contenir de deux à trois fois plus de gaz par unité de volume de roche que les gisements gaziers classiques.
Des techniques de production adaptéesLes gisements de gaz non conventionnels, en particulier de gaz de schiste et de tight gas sont difficiles à produire. Des techniques de forage spécifiques, maîtrisées par Total depuis de nombreuses années, sont requises pour permettre la remontée du gaz du fond des puits jusqu’en surface.
Gaz de schiste et tight gas : puits horizontaux multifracturésDes technologies spécifiques de forage et de stimulation de la production sont mises en œuvre sur les gaz de schiste (ou shale gas) et les tight gas. Elles sont indispensables pour relever le défi technologique majeur de ce type de gisement : leur très faible perméabilité. Leur capacité à laisser circuler le gaz est trop réduite pour les méthodes de production classiques. Ces techniques spécifiques comprennent notamment un grand nombre de puits horizontaux et une fracturation hydraulique de la roche.
Des puits horizontauxPour optimiser le drainage du gisement, la liaison des puits avec le réservoir doit être la meilleure possible. Les puits fortement déviés ou horizontaux permettent de suivre, sur de longues distances, les couches productrices. Total dispose d’une expérience largement éprouvée de cette technique dite de forage horizontal. À son actif, un record du monde établi en 1999 en Terre de feu (Argentine), avec un puits horizontal cumulant plus de 11 000 m, et le forage de centaines de puits horizontaux dans des contextes conventionnels variés.
Une fracturation ou stimulation hydraulique de la rocheL’objectif est de créer la perméabilité que n’offre pas la nature. Un réseau de fissures est produit par une injection d’eau sous pression dans le réservoir, permettant au gaz de circuler jusqu’au puits. A l’eau injectée sont ajoutés :
Chaque puits doit être fracturé en plusieurs étapes, et moins le gisement est perméable, plus le nombre de fracturations est élevé. Ces techniques de fracturation sont mises en œuvre par Total depuis plusieurs années, en particulier pour l’exploitation de gisements de tight gas.
Un grand nombre de puitsChaque puits draine en effet un volume de roche moins important que dans un gisement gazier conventionnel. Pour réduire l’emprise au sol des opérations, les têtes de puits sont regroupées en cluster : on peut ainsi forer 10 à 30 puits horizontaux à partir d’un point central.
Fracturation d’un puits de gaz de schiste - Chiffres clésLe forage commence par une percée verticale jusqu’à la zone cible de la production, située entre 1 500 et 3 000 m de profondeur pour les gaz de schiste, et qui peut être plus profonde pour les tight gas.
Une fois la couche recelant le gaz atteinte, le forage devient horizontal et se prolonge sur plusieurs milliers de mètres à l’intérieur de cette couche. Total a développé des outils de pointe qui permettent un ajustement des trajectoires en temps réel au cours du forage. Sa maîtrise reconnue dans ce domaine a notamment été l’une des clés du succès de son développement des ressources situées sous de très grandes profondeurs d’eau : ses puits horizontaux suivent ainsi, parfois sur de grandes distances, des couches réservoir épaisses de quelques mètres seulement.
L’installation de tubages en acier, dits casings, puis la cimentation de l’espace existant entre le tubage et la roche, assurent une parfaite étanchéité du puits, en particulier dans la traversée de la zone phréatique. Ciment et tubages ne sont perforés que sur la section horizontale du puits (à plusieurs milliers de mètres de profondeur), pour permettre sa connexion avec la couche productrice. La fracturation hydraulique est l’ultime étape réalisée avant la mise en production du puits.
Libérer le gaz et le charbon de la pression de l’eauL’exploitation du gaz de charbon s’avère moins technologique que celle des autres gaz non conventionnels. Elle est toutefois très spécifique : la production exige de réduire la pression dans le filon de charbon pour libérer le gaz. Pour ce faire, l’eau se trouvant naturellement dans le réseau de fractures du charbon est extraite par pompage.
Abondants et présents sur tous les continents, les gaz non conventionnels ont transformé le marché gazier nord Américain et pourraient redistribuer la donne gazière mondiale. Ces ressources, équivalentes à celles du gaz conventionnel, constituent un atout majeur pour répondre durablement à une demande sans cesse croissante. Prometteuse, cette thématique émergente reste toutefois largement à explorer et évaluer.
Une demande de gaz croissanteLes gaz non conventionnels constituent une source potentielle majeure du renouvellement des ressources en gaz. Avec une production en croissance annuelle de près de 3 % en moyenne depuis plus de trente ans, le gaz est l’énergie fossile dont la progression est la plus soutenue.
Des volumes très importants restent à produire. Au rythme actuel de la consommation, les ressources déjà connues permettront de répondre aux besoins du marché mondial pendant plus de cinquante ans. Le très fort potentiel des gaz non conventionnels devrait prolonger durablement la capacité de l’industrie pétrolière à répondre aux besoins énergétiques de la planète. Et en particulier à la croissance programmée de la part du gaz naturel dans la génération d’électricité.
Des ressources abondantesLe volume des ressources en gaz de schiste, tight gas et gaz de charbon, est estimé aujourd’hui par l’EIA (Energy Information Administration) à 380 000 milliards de m3, soit environ 50 % des ressources gazières mondiales.
Les gaz de schiste (ou shale gas) concentrent la plus grosse part de ce potentiel. L’étendue des roches mères dont ils sont issus (beaucoup plus importante que celle des réservoirs gaziers classiques) et leur présence sur tous les continents de la planète, élargissent considérablement les perspectives de l’exploration.
Une production en croissanceTrès marginale dans les années 1990, la production de gaz non conventionnels n’a cessé de croître pour atteindre 380 millions de mètres cubes en 2009.
Les États-Unis ont retrouvé leur rang de premier producteur mondial de gaz grâce aux gaz non conventionnels. Pionniers de leur valorisation, ils en restent les leaders. La production des tight gas et du gaz de charbon y a été initiée dès les années 1970 pour compenser le déclin des champs de gaz conventionnels.
Celle des shale gas l’a été dans les années 1990, d’abord par des petits producteurs indépendants. L’arrivée récente d’acteurs industriels maîtrisant des techniques de production avancées a été à l’origine d’une très forte montée en puissance de cette production. Elle sera, à l’avenir, la source essentielle de la croissance gazière américaine. Selon les prévisions, sa part actuelle de 14 % de la production américaine de gaz (65 millions de m3/an) atteindra rapidement 20 % pour se hisser à 45 % à l’horizon 2035. Elle dépassera ainsi largement celles des tight gas et du gaz de charbon, dont les volumes de production devraient quant à eux rester constants.
Cette « révolution » américaine des gaz de schiste, portée par une très forte croissance de la production de ce gaz reste un exemple unique au monde. Sur le reste de la planète, la géologie des roches mères, leurs contenus en gaz comme la rentabilité de leur exploitation restent encore teintés de fortes incertitudes dont la levée nécessitera plusieurs années d’études.
Total se développe sur les gaz non conventionnelsImpliqué depuis une dizaine années dans la production des tight gas, Total s’est investi récemment dans celle des gaz de schiste et du gaz de charbon afin de contribuer activement au renouvellement des réserves gazières mondiales.
Une croissance énergétique portée par l’innovationInnover pour conquérir les nouveaux domaines afin d’assurer le renouvellement des réserves d’hydrocarbures est un axe historique de la stratégie de Total :
Cette stratégie d’innovation est servie par une politique très active de Recherche et Développement. Elle s’inscrit dans un engagement résolu à produire durablement toutes les ressources indispensables au futur énergétique dans le respect de l’environnement et des populations voisines des sites de production.
L’expérience des tight gasÀ l’orée des années 2000, Total relève le défi des tight gas, encore très peu développés en dehors des États-Unis. Une équipe de Recherche et Développement est dédiée à ce nouveau challenge technologique, particulièrement complexe. Les savoir-faire du Groupe, en particulier en géophysique, sont mis au service de la valorisation de gisements gaziers ultra-compacts en Argentine, au Venezuela, en Afrique du Nord ou en Indonésie. Ses expertises technologiques lui vaudront d’être choisi, en 2006, pour accompagner PetroChina, premier producteur de gaz en Chine, dans l’évaluation de la partie sud du champ géant de tight gas de Sulige.
De nouvelles positions sur les gaz de schiste et de charbonPlus récemment, Total élargit son portefeuille aux thématiques des gaz de schiste et des gaz de charbon. Dans les deux cas, le Groupe noue des partenariats avec des sociétés dotées d’une expertise déjà éprouvée dans l’exploitation de ces ressources.
Fin 2009, Total acquiert une participation dans l’ensemble des permis de l’Américain Chesapeake dans le bassin du Barnett Shale au Texas. Deuxième producteur américain de gaz, Chesapeake est aussi l’opérateur le plus actif sur le gaz de schiste.
En parallèle, Total a acquis en 2010 trois permis d’exploration en Europe (un en France et deux au Danemark) et deux en Argentine en tant qu’opérateur. Le portefeuille argentin a été renforcé, en 2011, par l’acquisition de participations dans quatre permis d’exploration supplémentaires.
Un permis d’exploration en FranceLe « Permis de Montélimar », attribué à Total en mars 2010 pour une période de cinq ans, s’étend sur 4 327 km² entre le sud de Valence la région de Montpellier. Trois phases successives d’études et d’opérations sont prévues sur 5 ans, chacune conditionnée aux résultats des phases précédentes. La première phase, actuellement en cours, comprend des études géosciences préliminaires à partir d’informations existantes. Son objectif est de s’assurer de l’existence d’un sujet « gaz de schiste ».
Fin 2010, le Groupe poursuit son développement dans les gaz non conventionnels par une prise d’intérêts dans le projet australien Gladstone LNG, premier au monde de liquéfaction de gaz de charbon. Consolidant sa position d’acteur de premier plan dans le gaz naturel liquéfié, Total bénéficiera également de l’expertise de la société australienne Santos, opérateur du projet, sur les gaz de charbon qu’elle exploite depuis 2002 en Australie.
Les principaux actifs de Total dans les gaz non conventionnels Argentine Australie Danemark États-Unis France Tight gasArgentine
Aguada Pichana
Algérie
Timimoun
Ahnet
Chine
South Sulige
Deuxième opérateur gazier en Argentine, Total y opère le champ d’Aguada Pichana, situé dans le bassin de Neuquén. Ce champ, d’une géologie très complexe, conjugue réservoirs conventionnels et réservoirs de tight gas.
La production du gaz conventionnel initiée en 1996 est complétée, depuis 2009, par la mise en production d’une partie tight du champ. En 2008, Total a déployé un important pilote de monitoring de la fracturation de ces puits afin de tester différents dispositifs d’acquisition de données microsismiques. La maîtrise de la cartographie du réseau de fractures créé artificiellement dans les réservoirs par une injection d’eau sous pression est en effet un paramètre clé de l’efficacité de cette technologie de stimulation des puits.
Gaz de schisteÉtats-Unis
Barnett Shale
France
Permis d’exploration :
Danemark
Permis d’exploration :
Argentine
Principaux permis avec du potentiel en Gaz de Schiste dans le bassin de Neuquén :
2010
2011
Total est associé avec Chesapeake, second producteur de gaz américain, et premier producteur mondial de gaz de schiste. Il est l’opérateur le plus actif des 4 principaux champs américains (Barnett, Haynesville, Fayetteville, Marcellus), avec 140 rigs (8 % des rigs aux États-Unis) opérés et 85 rigs non opérés. Premier foreur des États-Unis, Chesapeake a réalisé quelque 11 000 puits au cours des vingt dernières années.
Barnett Shale, le plus gros champ de gaz de schiste américain, a déjà produit 140 milliards de m3 (5 000 milliards de pieds cubes). Ses milliers de puits producteurs délivrent aujourd’hui une production d’environ 140 000 m3 par jour (5 millions de pieds cubes), soit près de 8 % de la production américaine totale de gaz de schiste.
Gaz de charbonAustralie
Projet Gladstone LNG
Santos (opérateur, 30 %) et ses partenaires, Total (27,5 %), Petronas (27,5 %) et Kogas (15 %) ont annoncé début 2011 leur décision de lancer en Australie le projet de Gladstone LNG, qui représente un investissement (avant démarrage) de 16 milliards de dollars.
Cet immense projet intégré, situé dans le Queensland (Est de l’Australie), comprend l’extraction du gaz de charbon, son transport par un gazoduc de 420 km, et la construction d’une usine de liquéfaction sur l’île de Curtis, dans le port de Gladstone.
Le gaz de charbon sera produit sur les champs de Fairview, Arcadia, Roma et Scotia, situés dans les bassins de Bowen et Surat. Leurs ressources sont estimées à 250 milliards de m3. Plusieurs milliers de puits, forés à des profondeurs variant de 400 à 1 200 m, s’ajouteront aux 400 puits déjà existants sur Fairview, à un rythme de 200 à 300 puits par an.
Santos produit déjà sur le champ de Fairview 3,1 millions de m3 (110 millions de pieds cubes) par jour, vendus sur le marché domestique.
L’usine de liquéfaction produira 7,2 millions de tonnes de GNL par an. Début 2015, le premier des deux trains, d’une capacité de 3,6 Mt/an, entrera en production, suivi quelques mois après par le démarrage du second train.
Lettre du Président n° 6
Objet : Collectif national des collectifs contre les hydrocarbures non conventionnels (huiles et gaz de schistes)
ATTENTION : Merci de faire suivre à l’ensemble de vos associations adhérentes.
Paris, le 07 mars 2011
Madame, monsieur le président, cher(e) ami(e),
France Nature Environnement est totalement opposée, non seulement à l’exploitation des gaz et huiles de schistes, mais même à leur exploration. Il est clair qu’un permis exclusif de recherche est le premier pas vers l’exploitation si celle-ci s’avère rentable. Les risques sanitaires et environnementaux considérables qui nous reviennent des USA et du Québec sont énormes : des centaines de produits toxiques et cancérigènes déversés dans le sous-sol polluant les nappes phréatiques, l’eau potable devenue inutilisable même pour se laver et qui s’enflamme quand on approche un briquet, les ressources en eau gaspillées de façon éhontée, le fluide qui remonte des puits devenu radioactif dans le sous-sol… Il est clair que cette technique ne peut pas être propre puisqu’elle n’a pu se développer aussi intensément aux USA qu’avec une dérogation incroyable : le Clean Water Act, le clean Air Act, le Safe drinking water Act et quelques autres lois environnementales ne seront pas opposables à cette technique.
Au-delà de ces aspects gravissimes, toute relance vers une exploitation intensive d’hydrocarbures signifierait le renoncement au contrôle du changement climatique et aux engagements de la France sur les 3 fois 20 (réduction de la consommation d’énergie, des émissions de GES et production d’énergies renouvelables).
FNE s’est déjà prononcée en ce sens au tout début février (par le communiqué de presse du 7 février 2011 http://www.fne.asso.fr/fr/gaz-de-schiste-les-autorisations-sont-suspendues.html?cmp_id=33&news_id=12088&vID=897 ).
Des collectifs locaux se créent un peu partout où des titres miniers ont été donnés. Certains d’entre vous ont largement contribué à cette mobilisation que FNE soutient pleinement. Un mouvement de coordination de ces collectifs est en train de s’esquisser depuis le rassemblement du samedi 26 février 2011 à Valence. Certains d’entre vous nous ont demandé si FNE allait rejoindre ce rassemblement. A l’analyse des nombreux retours de cette réunion, il apparait clairement que ce qui se construit est une coordination de mouvements locaux, une construction « par la base ». Il serait mal venu d’y ajouter des organisations nationales qui pourraient être suspectées de vouloir tirer bénéfice du mouvement.
France Nature Environnement n’est pas qu’une organisation nationale, vous le savez, c’est avant une fédération de nombreuses associations régionales et départementales regroupant des associations locales présentes sur le terrain, là où ont lieu les mobilisations, et c’est pourquoi nous nous adressons à vous aujourd’hui.
Nous vous proposons d’agir concrètement si votre association est à proximité de sites ou des permis de recherche ont été délivrés. Pour cela, vous pouvez :
France Nature Environnement agira de manière complémentaire au niveau national. A ce titre, la fédération :
En résumé, France Nature Environnement n’adhère pas à ce collectif afin qu’il demeure une coordination de collectifs locaux et vous invite si vous êtes concernés à rejoindre les collectifs locaux. France Nature Environnement agit de manière complémentaire à cette coordination en portant, avec d’autres, la lutte au niveau européen. Votre contact direct est le réseau « Energies » de FNE et plus précisément Adeline Mathien, chargée de mission dont le courriel est : adeline.mathien@fne.asso.fr
Comptant sur votre mobilisation,
Amicalement.
Bruno Genty
président de France Nature Environnement.
PS : Merci de faire suivre cette lettre dans les fédérations départementales en les invitant à procéder de même en direction de leurs propres adhérents.
À travers cette lettre au Ministre de la cinquième république française, je rend un humble hommage à la mémoire de tous les gens qui ont lutté pour la liberté, à mes copains et copines qui sacrifient une partie de leur vie pour obtenir ce qui précisément sera apprécié par ceux qui confortablement les regardent aujourd’hui se saigner le portemonnaie, à tous ceux qui rejoignent peu à peu le mouvement de reprise en main de notre destin, à leur échelon propre, petit à petit mais sûrement.
Frédéric Boutet
Puissance Plume (www.p-plum.fr)
Corinne Lepage, au nom du groupe ALDE. – Madame la Présidente, Monsieur le Commissaire, mes chers collègues, j’entends bien l’enthousiasme que suscite la présence de gaz de schiste dans notre sous–sol européen et le souci d’indépendance énergétique est un souci tout à fait louable.
Cela étant, je pense que cet optimisme doit être très singulièrement nuancé. D’abord aux États–Unis, où effectivement les gaz de schiste sont largement utilisés. Plusieurs États sont sur la voie d’un moratoire et une étude d’impact qui va durer plus de deux ans a été confiée à l’IPE pour analyser les conséquences environnementales de cette exploitation.
Deuxième point. À l’heure où nous essayons de réduire massivement nos émissions de gaz à effet de serre, il paraîtrait tout à fait incohérent avec les politiques menées au niveau de l’Union, qu’une étude d’impact sur l’impact purement climatique en termes de gaz à effet de serre de la mise en exploitation de ces gisements ne soit pas menée avant même que toute recherche approfondie ne soit mise en place.
Troisième point. Vous avez dit, Monsieur le Commissaire, qu’il fallait respecter les normes environnementales, nous en prenons acte et nous nous en réjouissons. Il n’en demeure pas moins que dans les pays, et je pense notamment au mien, dans lesquels les permis de recherche sont octroyés, on constate aujourd’hui que le droit de l’environnement est totalement oublié, il ne s’applique pas, nous sommes hors–la–loi. La convention d’Aarhus ne s’applique pas, les populations ne sont pas prévenues, il n’y a pas d’enquête publique, il n’y a pas d’étude d’impact, il y a une dissimulation des produits chimiques dangereux qui sont utilisés.
Par voie de conséquence, c’est absolument inacceptable de continuer sur une voie pareille et la vraie question, Monsieur le Commissaire, est celle de savoir s’il n’y a pas une incompatibilité entre l’exploitation de gaz de schiste sur un terrain aussi dense que le terrain européen, qui n’a rien à voir avec le terrain américain, et nos lois de protection de l’environnement ainsi que nos lois de protection de l’information des citoyens.
Je serai heureuse d’entendre vos réponses.
La video de cette intervention est accessible sur :
(le lien ne marche pas, si quelqu’un le connaît, merci de le communiquer)
Les hommes libres, 29 mars 2011, in Tribune de Genève
La crise de confiance dans le nucléaire causée par l’accident de la centrale de Fukushima suscite de nombreux débats, dont celui sur le remplacement de l’atome civil et le développement d’autres sources. Le gaz de schiste fait partie des alternatives envisagées, voire déjà exploitées comme aux Etats-Unis. Cependant les projets en France suscitent des réactions violentes. Retour sur un thème appelé à faire encore parler de lui.
On ne peut prévoir aujourd’hui les inconvénients qu’apporteront nos choix et nos technologies dans 100 ans. Mais au vu de l’expérience accumulée ces 50 dernières années il est important d’anticiper aussi loin que possible sur la balance des avantages et des inconvénients. Certains débats sont très techniques. Il est difficile pour un profane d’y voir clair. Mais les informations sur ce sujet, dont celles du magazine Science & Vie d’avril, montrent que l’extraction du gaz de schiste n’est pas une simple formalité. L’anticipation est de mise.
Mais jusqu’où? Il y a une histoire d’un sage qui enseigne son disciple. Ils ont faim. le sage pêche un poisson, le mange jusqu’aux arrêtes, et recrée sa chair avant de le rendre à la rivière. Il dit à son disciple qu’il n’a pas de droit sur la Terre et donc qu’il doit rendre ce poissons aussi vivant qu’il l’a pêché. Cette fable nourrit le mythe moderne d’une forme d’innocence. Mais rendre à ma mort le monde tel qu’il était à ma naissance est improbable et irréaliste.
La Terre se charge elle-même de se recréer et de se transformer. Ce n’est pas à moi, petit humain, de décider si le monde doit être comme ceci ou comme cela: nous utilisons ce dont nous avons besoin et cela est légitime. Si ça ne l’était pas il n’y aurait aucune raison que nous existions en tant qu’espèce et que nous soyons capables de transformer notre environnement. Mais: quelles ressources utiliser pour que les avantages en terme de survie de l’espèce soient plus importants que les inconvénients?
Le gaz gisant dans le sous-sol est loin d’être exploité à la mesure des réserves estimées qui y sont enfouies. Les grandes réserves, les grandes poches de gaz sont connues et situées dans un espace restreint. Certaines sont déjà taries comme à Lacq en France. D’autres ressources sont quantitativement bien plus importantes que ces poches et représentent des décennies de consommation au rythme actuel: c’est le gaz emprisonné dans de la roche de schiste ou de l’argile. On le trouve en abondance dans le sous-sol d’Europe, d’Asie, d’Amérique du Nord, d’Australie. Une telle ressource donnerait une indépendance énergétique accrue à l’égard du pétrole et du gaz russe.
Quelle aubaine! Oui, mais…
Les grandes poches de gaz sont relativement simples à exploiter. On creuse verticalement et l’on capte dès qu’on est dans la poche. Le gaz de schiste est lui disséminé dans la roches, petites bulles emprisonnées sur de vastes régions. Il faut donc aller le chercher là où il est: partout. Pour cela la société exploitante doit:
- creuser d’abord verticalement, puis horizontalement sur de longues distances;
- injecter des millions de litres d’eau et d’additifs chimiques sous haute pression pour fracturer la roche et en retirer le gaz;
- installer en surface de nombreuses installations sur de vastes territoires, prévoir des stockages d’eau, amener les additifs chimiques par des norias de camions.
Les risques connus sont d’abord la pénétration de chimie dans le sol. On pourrait se dire que ce n’est pas grave: le sol absorbe tant de choses. Et l’on trouve bien de l’arsenic et autres produits mortels dans la nature. Mais ici ils peuvent passer dans l’eau de consommation: des fuites de ces produits dans la nappe phréatique ont déjà eu lieu aux Etats-Unis et au Canada, entraînant la fermeture de puits.
Un autre risque majeur concerne les failles sismiques du sous-sol, en particulier dans le sud-est de la France. Le choc de la fracturation des roches est-il susceptible de déclencher des mouvements de failles? Aucune étude préventive n’a été réalisée sur le sujet.
En France le groupe Total affirme que les additifs ne seront pas toxiques et promet d’en fournir la liste. Selon le groupe le risque de contamination des nappes est nul, le gaz remontant par les puits qui sont étanches par rapport au sous-sol environnant. Cette affirmation est questionnée: sous les très hautes pressions, les tubes de forage-pompage offrent-ils vraiment toutes les garanties d’étanchéité?
La non-contamination est également questionnée: si des fissures sont créées dans la roche, nul ne peut prévoir jusqu’où elles s’étendront. Des couches initialement étanches les unes aux autres peuvent devenir poreuses et communiquer entre elles.
La question des additifs chimiques est plus tendancieuse. La toxicité de ces produits est-elle démontrée? Le manque d’information de Total à ce sujet laisse évidemment un malaise. Mais on dispose d’une source du Québec. Les produits cités sont déjà utilisés couramment. Certains présentent une certaine toxicité, d’autres pas. Cela ne signifie pas qu’ils soient inoffensif dans le mélange prévu et au contact des composants du sous-sol. Mais on ne peut prétendre ne rien savoir de ces produits.
Tous ces points n’ont pas été suffisamment renseignés pour donner confiance aux populations concernées. Mais il y a un autre point très gênant dans avec le gaz de schiste: c’est l’équivalent C02. Entre toutes les étapes de l’extraction et la combustion du gaz, celui-ci est probablement aussi polluant que le charbon.
On est donc loin de l’aubaine.
Ce rapport canadien en dit plus (ici en pdf ). Un peu long mais bien documenté.
Le PS a demandé aujourd’hui l’interdiction de l’exploration et de l’exploitation du gaz de schiste, dans un communiqué publié à l’issue du bureau national (direction).
« Les techniques de forage utilisées dans l’exploration et l’exploitation de ces hydrocarbures sont destructrices pour l’environnement et dangereuses pour la santé. Devant la large mobilisation sur le terrain (élus, citoyens, associations), à laquelle le PS participe, le gouvernement a reculé en déclarant un moratoire et en ouvrant une enquête », écrit le PS. « Mais la mobilisation doit continuer », poursuit le communiqué.
« Nous souhaitons que la législation évolue afin de garantir la transparence des activités d’exploration et d’exploitation en général. Les permis d’exploration doivent être soumis à débat public et à enquête publique », ajoute-t-il. « Dans l’immédiat, le Parti socialiste demande l’interdiction de l’exploration et de l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels et l’annulation des arrêtés ministériels accordant des permis exclusifs de recherches. Nos groupes parlementaires ont déposé des propositions de loi en ce sens », conclut le texte.
Le gouvernement a annoncé début février la suspension des trois permis d’exploration de gaz de schiste octroyés en mars 2010, dans le sud de la France, dans l’attente des conclusions de la mission d’évaluation sur les enjeux environnementaux, début juin.
Les industriels du gaz de schiste risquent d’avoir beaucoup de mal à exploiter, et même explorer le sous-sol français. Le moratoire édicté par le gouvernement s’achève en principe en juin. Mais l’opposition à ces nouvelles techniques ne cesse de prendre de l’ampleur. Aux écologistes et aux socialistes, s’ajoutent désormais une bonne partie de la majorité présidentielle.
C’est ce qu’a montré le débat organisé ce mardi à l’Assemblée nationale sur le sujet. Ainsi Christian Jacob, le patron des députés UMP, souhaite-t-il un moratoire « ad vitam aeternam ». A ses yeux, le gel des forages n’est qu’une étape. « Je souhaite rappeler la vive hostilité des députés du groupe UMP à ces projets, et nous resterons vigilants », a-t-il martelé. José Bové n’aurait pas dit autre chose.
Refusant les arguments sur l’amélioration de l’indépendance énergétique de la France rendue possible par la découverte potentielle de gaz dans le sous sol de l’Hexagone, Christian Jacob a ajouté que, pour lui, « il s’agit de considérations d’ordre économique mais notre préoccupation est d’apprécier les conséquences sur l’environnement et sur la santé ». Un argument qu’il n’avait pas utilisé sur le dossier des OGM…
Le groupe de 80 parlementaires qui s’était constitué début mars pour montrer son opposition et sa vigilance est aujourd’hui monté à 100, a affirmé ce mardi un des orateurs. Quant à Jean-Louis Borloo, qui avait signé les permis d’exploration aujourd’hui dénoncés car ils n’ont pas donné lieu à débat public, il n’est pas monté hier à la tribune et n’a pas fait le moindre commentaire depuis qu’il est redevenu député.
Le gaz de schiste garde certes quelques défenseurs, comme le député UMP de l’Oise François-Michel Gonnot. Hier, celui-ci soutenu une technique qu’il considère comme utilisée depuis plus de 30 ans dans l’offshore pétrolier. Or François-Michel Gonnot préside en compagnie du député PS du Gers Philippe Martin la mission d’information sur le gaz de schiste, qui doit rendre son rapport en juin prochain. Une autre mission a été demandée à l’administration du ministère de l’Ecologie et du ministère des Finances.
Au total, cependant, l’association des foreurs et des métiers du pétrole, qui avait il y a quelques jours envoyé aux députés un courrier demandant à ce que le dossier soit instruit « à décharge autant qu’à charge », risque de rester sur sa faim.
L’émotion sur les bancs de l’Assemblée sera-t-elle suivie d’effets ? La ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko Morizet affiche le plus grand calme. « J’essaie d’avancer sereinement sur un sujet qui est un sujet de passion. L’émotion qui est aujourd’hui présente le mérite », a-t-elle lancé aux députés tout en se disant ouverte à ce que des amendements soient apportés au texte présenté au Conseil d’Etat. « Je crois que la suspension des travaux acceptée par les industriels doit nous permettre de travailler sereinement » a-t-elle ajouté. Réponse dans les semaines qui viennent dans les régions où ont été accordés les permis.